Par Sylvie Lamoureux
Zoothérapeute
Membre de l’Association des naturopathes
professionnels du Québec (ANPQ)
19 juin 2019 — Une amie m’a récemment expliqué que sa jeune fille Élie, qui a 11 ans, n’est pas très heureuse et affiche une humeur massacrante. Son entourage en subit les contrecoups et le lui reproche vertement.
Cette belle enfant brillante et intelligente réagit excessivement aux situations qu’elle ne maîtrise pas. Comme tout être humain qui se respecte, il est normal d’être en mode réaction lorsque des événements nous contrarient. Cela est d’autant plus vrai pour une enfant de 11 ans, dont le cerveau performe à un niveau supérieur à la moyenne.
Je me demandais comment faire pour l’aider. Il était évident, pour moi, que si nous n’entendions pas sa détresse existentielle dès maintenant, son rapport avec le monde adulte s’en verrait hypothéqué, tout autant que sa perception de l’autorité et des règles qui balisent notre existence.
Maniement de chiens
Au bout d’un moment, j’ai eu un éclair de génie, comme cela m’arrive à l’occasion. Je lui ai permis d’assister à un de nos entraînements de maniement de chiens. Cette activité est habituellement le prélude à une série d’expositions canines projetées.
Les conditions gagnantes étaient réunies pour que cet événement soit une réussite : une chienne débordante d’affection; une petite fille sensible qui ne demandait qu’à aimer et être aimée; un maniement requérant une concentration de tous les instants avec son partenaire à quatre pattes, ainsi que la formation d’une équipe en vue d’atteindre une relation (avec l’animal) axée sur l’amour et la victoire.
Le maniement canin repose sur une prémisse essentielle, soit d’apprendre à faire confiance et à se faire confiance, pour ensuite gérer la pression et le stress dans une arène où des chiens sont jugés. Le moindre détail doit être revisité à la perfection pour y obtenir du succès. Dans ce secteur d’activité, la devise est : « Nous réussirons ensemble. Ainsi, nous serons heureux et fiers d’avoir atteint cet objectif. »
Apprendre à gagner
J’ai décidé de mettre la petite au défi. Pendant le premier cours, je ne savais pas à quoi m’attendre. Maîtriserait-elle les tâches à accomplir? Peu importe, me disais-je, car je la savais courageuse, persévérante et encline à faire bonne figure. Je dois dire que les choses ont radicalement changé lors du deuxième cours. Déjà qu’elle maîtrisait à merveille le concept du « travailler ensemble » avec un chien, elle a ensuite saisi ce qui devait être fait pour réussir. Si bien que cette belle enfant s’est améliorée rapidement.
Elle écoutait et acceptait les recommandations faites par son entraîneur, poussant même l’audace jusqu’à me dire ce qui ne fonctionnait pas chez les autres jeunes manieurs dans l’arène. Elle connaissait, désormais, la signification des mots « performance » et « persévérance ». Mais aussi pourquoi ces deux termes représentent la clé du succès pour être heureux dans la vie.
Une jeune fille prometteuse
Le désordre conduit au désordre. À contrario, la stabilité amène la stabilité. Ma championne et sa chienne sont maintenant des partenaires extraordinaires sur un tapis d’arène de jugement. Et elles font belle figure! Son apprentissage n’est pas encore terminé, mais la suite des choses s’annonce très prometteuse. Élie veut continuer à bien travailler et à exceller. J’ai eu le privilège d’en discuter avec elle après chaque sortie d’arène. Nous avons décortiqué ses bons et ses mauvais coups. Elle a fait preuve d’une grande ouverture, soucieuse de réussir avec sa partenaire canine. Visiblement, l’une cherche à plaire à l’autre.
Tout cela pour dire que je crois, fermement, qu’elle pourra transposer cette réussite dans la vie quotidienne, pour ainsi grandir harmonieusement et devenir une adulte accomplie. Quoi de mieux que d’apprendre comment gagner dans la vie? Et d’une manière positive. C’est en apprenant de ses erreurs que l’on devient meilleur.
En somme, la discipline dans le maniement de chien, combiné au respect porté à son animal, forge le caractère et jette les bases essentielles à tout individu désireux d’être un bon citoyen.
Nul besoin d’être assis sur un banc d’école pour expérimenter cette forme d’apprentissage, qui s’acquiert sur le terrain et dans la pratique. À la condition d’être encadré par un entraîneur qui comprend ce qui peut bien se passer dans la tête d’une enfant de 11 ans. D’une personne dont les capacités cérébrales sont ultraperformantes, et qui, pour cette raison, a besoin d’être comprise pour mieux fonctionner dans un monde étranger au sien!
In DOG We Trust!
Texte adapté par François G. Cellier
Photos 1 et 2: Courtoisie (Sylvie Lamoureux)
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