28 mars 2020 — J’adore les animaux, pour avoir moi-même adopté deux chats à la SPCA. Ils ne sortent jamais dehors, parce qu’ils n’en ont pas envie. Tant mieux pour moi, car j’ai appris que des personnes malicieuses, croyant (à tort) que nos animaux domestiques sont vecteurs du coronavirus (COVID-19), chercheraient à supprimer les félins qu’ils repèrent dans leur sillage.
Un petit conseil : ne laissez plus vos animaux sortir à l’extérieur. « Envoye à maison! », comme dirait le premier ministre du Québec, François Legault, paraphrasant le chanteur Jean-Pierre Ferland pour convaincre nos aînés de rentrer chez eux. Et d’y rester!
Disparitions suspectes
Christiane Bédard, vétérinaire et propriétaire de la chatterie Royal Bengal raconte qu’une amie, qui nourrissait des chats errants dans son secteur, a retrouvé certains d’entre eux malades, voire décédés. Ces animaux présentaient des symptômes typiques d’un empoisonnement. « Ils l’ont probablement été par des personnes convaincues que ces chats peuvent transmettre la maladie. C’est la folie furieuse », observe cette éleveuse. Fort heureusement, ce comportement n’est pas généralisé au Québec. Je l’espère, du moins.
Pourtant, les données sont claires : aucun animal n’est vecteur du coronavirus (COVID-19). La preuve du contraire n’a pu être mise en évidence jusqu’à présent. Par contre, un animal peut transmettre le virus par son pelage, advenant qu’une personne infectée l’ait touché ou caressé. Toute chose animée ou inanimée peut être vectrice du coronavirus, que ce soit entre autres un tissu, un objet solide et même des poils d’animaux.
Dire les « vraies affaires »
En rentrant à la maison, il faut préalablement retirer ses chaussures, et éviter de caresser un chien ou un chat avant d’avoir lavé ses mains. On devrait toujours le faire, non seulement à cause des risques de contagion au coronavirus, mais aussi pour tout autre type de maladies externes que pourraient contracter nos animaux. Cette routine s’applique également aux personnes qui vivent dans un même lieu.
Test de dépistage pour chiens et chats
Cette innocuité des animaux au regard du coronavirus a été confirmée, grâce à un test de dépistage au COVID-19 pour chiens et chats. Quelques milliers d’entre eux y ont été soumis au laboratoire Idexx, et « aucun ne s’est révélé positif », confirme un article publié sur Wamiz.
Idexx a mis au point ce test au plus fort de l’épidémie du coronavirus qui a sévi en Chine. Au total, plus de 3 500 échantillons prélevés en Corée du Sud et dans certains états américains, où se développait le coronavirus humain, ont confirmé l’absence de traces du virus. En fait, celui-ci se transmet principalement d’une personne à l’autre. Par ailleurs, selon la profession vétérinaire, les animaux de compagnie ne sont pas susceptibles de contracter la maladie.
L’abandon d’animaux à cause du coronavirus
Par ailleurs, est-ce que parler des abandons d’animaux — à causer du coronavirus — pourrait inciter un plus grand nombre de personnes à agir ainsi? Cela m’étonnerait. Pourquoi? Parce que ceux qui aiment vraiment leurs animaux n’y pensent même pas. En fait, les individus enclins à les laisser tomber pourraient prétexter le coronavirus, alors que dans les faits, ils les larguent de façon irresponsable pour mille et un motifs.
Bien évidemment, certaines personnes ne peuvent plus garder un animal, par exemple en raison de la vieillesse, d’une maladie, voire d’un décès. D’autres vivent une précarité financière et n’ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins (ex. : soins vétérinaires et nourriture).
Qu’à cela ne tienne, même si plusieurs gardiens d’animaux se retrouvent au chômage à cause du coronavirus, et que l’argent vient à manquer pour acheter une nourriture conçue expressément pour eux, Christiane Bédard rappelle qu’à la limite, ils s’accommoderont (pour un temps limité) des restants de table. C’est d’ailleurs ce qu’ils mangeaient avant l’arrivée des croquettes, de la nourriture humide et autre type d’aliments destinés aux chiens et aux chats.
En somme, Christiane Bédard et mon amie Sylvie Lamoureux, zoothérapeute et elle aussi éleveuse (Zendach Teckel SS) pensent comme moi, c’est-à-dire que se mettre la tête dans le sable ne rend pas service aux animaux domestiques. « Au contraire, mieux vaut bien comprendre le contexte lié au coronavirus pour agir, au lieu de réagir », croit Sylvie Lamoureux.
Ce que j’entends par là, c’est qu’il faut appeler un chat un chat. C’est le cas de le dire! Affirmer que le pelage des animaux peut être vecteur de la maladie doit être divulgué, même si ça ne plaît pas à tout le monde. Cela rendra non seulement un grand service aux humains, mais aux animaux domestiques eux-mêmes.
« L’action nous place en mode réflexion, alors que réagir déclenche (bien souvent) une kyrielle d’émotions improductives », pense Sylvie Lamoureux. En d’autres termes, faire du déni équivaut à reporter le délai qui nous ferait éventuellement foncer dans le mur. « Il n’y pas qu’une épidémie de coronavirus actuellement dans le monde, mais aussi une épidémie d’ignorance », ajoute-t-elle.
La demande d’animaux domestiques augmente
Cela dit, il y a toujours une embellie dans l’adversité, comme l’exprime à sa façon Sylvain Fisette, de l’élevage Boréal Labrador. Depuis que la crise sévit, les personnes désireuses d’avoir un animal de compagnie augmentent en nombre. Cet éleveur reçoit un volume d’appels très élevé par les temps qui courent, lui qui s’attendait au contraire.
« Les gens sont confinés à la maison et ressentent davantage le besoin d’avoir un animal », confirme Sylvain Fisette. Et pour cause, puisque malgré ce drame humain vécu à l’échelle planétaire, un animal demeure connecté à nous pour maintenir notre équilibre mental et physique.
Pour eux, le coronavirus n’est pas une préoccupation, car ils ne ressentent pas la crise comme nous. « Il faut donc en prendre soin plus que jamais, car les animaux contribuent à calmer nos angoisses existentielles dans la conjoncture actuelle », dit-il. Et Dieu sait qu’en ces temps difficiles, tout le monde a besoin d’une soupape pour gérer le stress occasionné, afin de mieux naviguer à contre-courant dans une mer ponctuée d’aléas et d’incertitudes.
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