Sauver la vie des animaux à tout prix

Par François G. Cellier

6 mars 2020 — Les amis des animaux se comptent par milliers au Québec. André Caron est un de ceux-là. L’homme vit à Québec (Montcalm) depuis toujours. Il voue une affection particulière pour les chiens de race, et a développé le réflexe d’aider les animaux en détresse dans son quartier, que ce soit notamment les chats et les chiens errants, les ratons laveurs, les oiseaux et même les insectes.

Mais au-delà d’un côté charitable enclin à aider son prochain, sa vision élargie du lien étroit entre l’être humain et les animaux donne matière à réfléchir. Quoi que à ce sujet, tous ceux qui en ont pensent probablement la même chose que lui. L’amour pour un animal prend diverses formes d’expression. Pour André Caron, cet amour lui a inspiré deux pièces musicales, qu’il a composées au piano pour ses défunts chiens Bilou, Moufet et Physto.

Un chien dit au revoir à son maître

L’idée lui est venue après avoir regardé la vidéo d’un jeune homme tombé dans le coma, à la suite d’une hémorragie cérébrale. Son chien est allé le rejoindre à l’hôpital et a pu lui dire au revoir. L’animal a vu son maître avant que la famille le débranche du respirateur artificiel.

Il s’en trouve plusieurs pour affirmer que les animaux sont comme de enfants. À tout le moins, qu’ils sont membres à part entière d’une famille. André Caron est de cet avis. « Je n’ai pas eu d’enfants, mais cela ne veut pas dire que je n’aurais pas aimé en avoir. Adopter des animaux compense donc cette absence. Ils comblent une envie de donner, comme on le ferait avec sa progéniture », dit-il.

André Caron et son chien, Benji.

Est-ce que mon animal est comblé?

Est-ce que notre animal a faim? Est-ce qu’il a suffisamment mangé? Est-ce qu’il a bien dormi? Est-il heureux? Et est-ce que son comportement changeant est annonciateur d’une maladie?

Toutes ces questions se posent au quotidien, raison pour laquelle certaines personnes ressentent la même inquiétude pour leur animal que pour leur enfant. Et ceux qui n’ont que des animaux dirigent toute leur attention vers eux.

Cette attention peut également se concentrer sur d’autres animaux que les nôtres, par exemple ceux qui vivent dehors. André Caron se souvient d’avoir nourri des corneilles pendant tout l’été 2018. La mère et ses petits nichaient tout près de chez lui. Un jour qu’il partait en promenade avec son chien, l’un d’eux lui a frôlé la tête en plein vol. On aurait dit qu’il lui reprochait de ne pas avoir reçu à manger ce jour-là. Cet événement s’est produit deux ou trois autres fois. À d’autres moments, l’oiseau l’a suivi sur une certaine distance dans l’espoir d’obtenir sa pitance.

Une patte atrophiée

« Une des corneilles se postait en permanence sur le toit de notre garage. Un jour, lorsqu’elle y est descendue, j’ai pu constater qu’elle avait une patte atrophiée. Elle ne pouvait ni voler ni se tenir sur une branche », se souvient André Caron. Il l’a alors mise dans une cage pour lui donner à manger. Puis, sa voisine a emmené la corneille à des personnes membres d’une association qui s’occupe d’animaux en détresse. Malheureusement, l’oiseau a dû être euthanasié, car sans ses deux pattes, il pouvait difficilement survivre.

Une autre histoire de ce genre concerne une araignée. L’arachnide aux grandes pattes se trouvait dans le fond d’un verre d’eau vide, dehors, en plein hiver. Elle était toute mouillée et avait les pattes prises ensemble. André Caron l’a sorti du verre pour la déposer dans une petite assiette. Puis, au moyen d’un séchoir à cheveux, il lui a envoyé de l’air chaud à distance.

Dix minutes plus tard, l’insecte s’est mis à bouger. Au bout d’un moment, l’araignée a été transportée dans le portique, puis elle s’est faufilée dans la fente d’un mur. Peu importe l’espèce en difficulté dont il est question, l’objectif est de sauver des vies.

En mode survie

Les animaux qui vivent dehors sont en mode survie. Rien ne garantit qu’ils tiendront le coup. « Pour moi, les aider égaye mes journées », avoue André Caron. On pourrait même dire que la santé animale passe avant la sienne. Autrement dit, quand le chien va, tout va.

Mais advenant que Benji lui survive, ce dernier en serait probablement très peiné. Si des personnes sont devenues dépressives après avoir perdu un chien ou un chat, pour ne nommer que ceux-là, l’inverse peut également se produire.

La vie n’a pas de prix

Pour André Caron, la vie d’un animal domestique n’a pas de prix. Il en coûtera ce qu’il en coûtera pour le maintenir en vie, à la condition que son état demeure acceptable. Plusieurs personnes trouvent cela ridicule. Pourquoi investir tant d’argent pour un animal?

Les gardiens visés déplorent d’être ainsi jugés, car dans les faits, la perte d’un animal de compagnie est très souvent douloureuse. Ces commentaires désobligeants sont exprimés par des individus qui, pour la plupart, n’ont jamais expérimenté la mort d’un animal auquel ils étaient attachés.

L’euthanasie

« Avant d’euthanasier mon animal, je devrai être sûr que sa souffrance est supérieure à mon chagrin », fait savoir André Caron. En d’autres termes, lorsqu’il n’y a plus rien à faire, il faut laisser aller. L’acharnement thérapeutique n’est pas souhaitable. Mais voilà, comment savoir quand la ligne a été franchie? Tout cela relève du ressenti. L’instinct et l’intuition font le reste.

Néanmoins, la décision de mettre un terme à la vie demeure extrêmement difficile à prendre. Le faire exige un certain courage et d’entendre raison. Car après tout, lors du moment fatidique, il y a ceux qui partent, mais il y aussi ceux qui restent.

Photo 1: Fran_
Photo 3: Elsemargriet
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