Le SNAC : faire réfléchir avant d’adopter un animal de compagnie

Par François G. Cellier

19 mai 2019 — Se remettre en question est un signe d’intelligence. Et chercher à faire toujours mieux caractérise les éternels insatisfaits. Michel Beausoleil, cofondateur du Salon national des animaux de compagnie (SNAC), n’est pas le genre à trôner comme un vainqueur. Pourtant, plusieurs raisons pourraient motiver cette attitude. Qu’à cela ne tienne, dans son cas, l’humilité a le triomphe facile.

Réalité Animale l’a rencontré au Centre de Foires de Sherbrooke, le 14 avril dernier, où se déroulait l’une des trois éditions d’un grand rassemblement annuel qui rend hommage aux animaux.

Le SNAC de Sherbrooke : trop bruyant?

Pour Michel Beausoleil, il ne fait aucun doute que d’une année à l’autre, le SNAC de Sherbrooke doit être revu et amélioré. À preuve, les plaintes logées au regard d’activités jugées trop bruyantes, par certaines personnes, obtiennent une oreille attentive. Cette problématique semble avoir été résolue.

« Le vrai problème ne vient pas du son émis par les haut-parleurs, que l’on peut ajuster au besoin, mais plutôt des cris et des applaudissements. C’est ce qui dérange le plus à mon avis. Malheureusement, on ne peut pas ajuster le volume pour ça », soutient Michel Beausoleil.

Inversion sonore

Néanmoins, les organisateurs du salon ont inversé l’orientation sonore à Sherbrooke, au regard de certains spectacles qui y sont présentés. Le volume n’a pas baissé, néanmoins ce réaménagement a ramené le son à un niveau de décibels acceptable. Mais une autre préoccupation est beaucoup plus criante aux yeux des dirigeants du SNAC, soit d’être meilleur d’une année à l’autre. Tous auraient pu s’asseoir sur leurs lauriers et cesser d’innover. Mais c’est bien connu, faire du surplace équivaut à reculer.

Mieux voir les animaux

Parmi les bonifications envisagées pour améliorer le spectacle, un meilleur accès aux animaux contribuerait au bonheur accru des visiteurs. Plus facile à dire qu’à faire, car au départ, un animal n’est pas conçu pour participer à une exposition. Il faut comprendre que cette expérience est difficile pour eux sur le plan physique et psychologique.

On pourrait néanmoins parvenir à rendre ces animaux plus accessibles, en modifiant la configuration des kiosques, qui sont actuellement disposés en « rangées » sur une superficie couvrant (chacun) 10 pieds sur 10 pieds. S’ils avaient la forme d’une croix sur une même surface, cela aurait comme effet d’élargir cet accès.

Au final, les visiteurs pourraient fouler 20 pieds d’espace circulaire. Peu importe leur positionnement, ils se trouveraient toujours en façade du kiosque visité. Par ailleurs, cette exposition animalière devra compter plus d’estrades, notamment pour ce qui a trait aux numéros présentés par les Aqua-Dogs, qui gagnent en popularité.

Bien-être animal

L’amélioration du bien-être animal est une priorité au SNAC. Chaque année, ses organisateurs s’appliquent à trouver diverses solutions pour mieux y répondre. À titre d’exemple, les alpagas, qui sont des proies en milieu naturel, paniquent facilement. Ils ont donc été intégrés au salon dans un contexte adapté. Leur enclos a été bâti une fois entrés au Centre de Foires, de sorte qu’ils soient moins effrayés.

Quant aux poneys qui tournent en rond dans un carrousel, et sur lesquels des enfants s’assoient, certaines personnes pourraient s’imaginer qu’ils marchent sans arrêt pendant toute une journée, ce qui n’est pas le cas.

Depuis toujours, ils sont remplacés par d’autres au moyen d’une rotation pour leur permettre du repos. De même, les poissons bénéficient d’une attention particulière, car l’eau d’un aquarium ne doit pas être sujette aux grands écarts de température. Une différence de quatre degrés (en 24 heures) peut être fatale pour eux.

Exit les autruches

Pour leur part, les reptiles sont sensibles au froid. Il faut donc prévoir des équipements chauffants, lesquels permettent une alimentation en chaleur continue. Par ailleurs, la présence d’autruches n’a pas été concluante au SNAC. Ces animaux sont extrêmement nerveux, au point qu’ils peuvent en mourir. On a donc décidé qu’elles ne reviendraient pas.

Sherbrooke à son meilleur

Le salon de Sherbrooke est très agréable à produire. Les employés sont aimables, le public est amusant et le bâtiment brille par sa convivialité, résument les organisateurs du SNAC. Si on le compare au Stade olympique, où les distances à parcourir du point A au point B relèvent davantage du pèlerinage que d’un simple déplacement, le Centre de Foires ressemble à un carré de sable d’où on entre et sort aisément.

Au Stade, les exposants qui doivent se rendre au bureau du promoteur d’un événement y réfléchissent deux fois plutôt qu’une, car ils doivent planifier leur parcours comme le ferait un touriste dans une ville inconnue.

Montréal: le plus grand au Canada

En revanche, le SNAC de Montréal est le plus gros du genre au Canada. Et de très loin. Michel Beausoleil en sait quelque chose, pour avoir visité plusieurs événements animaliers similaires au pays.

Réfléchir avant d’adopter

Le mandat caché du SNAC consiste à pousser plus loin la réflexion avant d’adopter un animal, que ce soit dans la métropole, à Québec ou à Sherbrooke. D’ailleurs, cet événement interdit la vente d’animaux sur place, afin d’inviter ceux qui n’en ont pas à prendre une décision éclairée. Une espèce féline ou canine ne sied pas nécessairement à tous les tempéraments. On sait, par exemple, que le chat de race Bengal est très énergique et demande beaucoup d’attention. Il faut être apte à combler ses besoins, autrement mieux vaut se tourner vers une autre race.

Voir un animal lors d’une exposition est une chose, mais s’engager dans une adoption en est une autre. Certaines personnes devraient se demander si elles sont faites pour en avoir un. Il faut l’aimer, l’alimenter avec une nourriture de qualité et le faire soigner, au besoin.

Être responsable

Cette responsabilité est énorme, raison pour laquelle l’acquisition impulsive d’un animal est fortement déconseillée, car ce dernier pourrait se retrouver dans un refuge à plus ou moins brève échéance. Si le SNAC peut leur éviter ce calvaire, cet événement aura atteint son objectif premier.

« Je préfère les Maine Coons »

Michel Beausoleil vit lui-même avec des animaux. Il a une préférence pour les chats Maine Coons, dont le gabarit est plus grand que la moyenne des félins domestiqués. Il avait jadis un mâle très athlétique qui pesait 27 livres.

Pendant notre entretien avec lui, l’homme nous apprend qu’il est avocat en droit civil et commercial. Mais quel est le rapport entre ce champ de pratique et les animaux? Aucun! Si ce n’est que ce juriste rédigeait naguère, dans un magazine, une chronique juridique sur les animaux. Pour le reste, Michel Beausoleil fait ce qu’il aime dans la vie. N’allez surtout pas dire que le SNAC est un « à côté » pour lui, car il accorde une très grande importance à son événement.

Faire face à la critique

Mais voilà, se lancer dans cette aventure sans réellement connaître le monde animalier, au départ, représentait un défi en soi. Être propriétaire et coordonnateur du SNAC est un travail digne des plus grands chefs d’orchestre.

Il faut donner la mesure, être à l’affût des imprévus, savoir improviser et encaisser la critique. Dans ce secteur d’activité, comme dans tous les autres d’ailleurs, il est impossible de plaire à tout le monde. Les critiques positives sont donc accueillies à bras raccourcis.

Est-ce que le SNAC est rentable? Oui. Mais le faire en tournant les coins ronds le serait encore plus, une tentation à laquelle Michel Beausoleil ne saurait succomber, par souci d’éthique, de respect pour lui-même et pour les autres. À titre d’exemple, il ne saurait être question de louer, à fort prix, des kiosques destinés à la vente d’animaux. Au SNAC, on a toujours refusé de franchir cette ligne.

Charlotte, peinte par Patrick Larrivée.

Resserrement législatif

En somme, la planification d’un événement animalier interpelle la conscience et un sens des responsabilités, afin que le produit final soit conforme au respect du droit des animaux. Cet énoncé est d’autant plus vrai de nos jours, en raison d’un resserrement législatif qui ne permet plus le n’importe quoi en ce domaine.

La Loi sur la sécurité et le bien-être animal a notamment prévu l’article 898.1 du Code civil du Québec, qui stipule que les animaux ne sont plus considérés comme des biens meubles, mais comme des êtres doués de sensibilité avec des impératifs biologiques. Néanmoins, il s’en trouve plusieurs pour dire que le Québec a encore du chemin à faire en cette matière. Mais comme dirait l’autre, il faut bien commencer quelque part.

Le SNAC se déroule trois fois l’an à Montréal, Québec et Sherbrooke.
Photo 4-5-6: Pixel-mixerLUM3N-skeeze

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