Par Sylvie Lamoureux
Zoothérapeute
Membre de l’Association des naturopathes
professionnels du Québec (ANPQ)
13 septembre 2018 — J’ai récemment vécu une intervention pour le moins fascinante dans une résidence pour personnes âgées. Cela s’est passé il y a environ un mois et demi, lorsque j’ai rencontré Victor, un jeune homme de 88 ans.
Il était assis dehors avec sa fille qui lui rend visite régulièrement. Je leur ai demandé si je pouvais me joindre à eux avec Colette, mon chien de race Teckel. Sa fille a dit oui, tout en me prévenant que son père ne parlait pratiquement plus, depuis qu’un accident vasculaire cérébral l’a terrassé il y a huit ans. Il socialise donc difficilement avec les autres. Pas de soucis, ai-je dit, nous allons passer du temps à cajoler Colette. Ce sera déjà ça de pris.
Timide et sensible
Victor me regardait par-dessous. J’en ai donc conclu qu’il était timide. Vous savez, le genre de regard qui vous déstabilise, car il implore votre gentillesse; communique une fragilité ainsi qu’une très grande sensibilité. Cet homme transpirait la bonté et la douceur. On voyait, aussi, que sa vie a été marquée par la force et une volonté sans faille.
Comment l’ai-je su? Et bien, sachez qu’après quelques minutes seulement, Victor s’est ouvert à Colette. Il nous a expliqué comment il avait vécu pendant des décennies, et malgré une élocution hésitante et mal assurée depuis huit ans. Pendant qu’il se racontait, sa fille s’est légèrement mise en retrait pour pleurer doucement.
Plus tard, elle m’a avoué que depuis son AVC, elle ne l’avait jamais vu parler avec une aussi grande d’aisance. Le fait que j’étais une étrangère l’a d’autant plus émue, car jamais elle n’aurait cru la chose possible. Elle m’a demandé de revenir le voir plus souvent. Victor habite cette résidence depuis au moins sept ans. Pourtant, je ne l’avais jamais vu auparavant, car il est toujours resté cloîtré dans sa chambre, sauf pour aller manger.
Frelon
Je l’ai revu deux semaines plus tard avec Frelon, un autre Teckel de mon cheptel. Victor a bien aimé parler avec lui, mais ce n’était pas sa Colette. En revanche, plus récemment, je suis revenue dans cette résidence avec Colette. J’étais dans le grand salon situé au bout du couloir qui donne sur la salle à manger.
Tout en discutant avec un résident, j’ai aperçu Victor qui arrivait avec sa marchette en m’envoyant la main deux fois plutôt qu’une. Après avoir répondu à son salut, il m’a fait un sourire à couper le souffle. Du pur bonheur! Victor a reconnu Colette qui était assise sur mes genoux. Il s’est donc rendu jusqu’à moi. Le résident qui m’accompagnait s’est levé pour lui laisser la place. Victor n’a pas manqué de le remercier. Il était visiblement heureux.
Victor Love Colette
Aussitôt qu’il s’est installé à côté de moi, Colette ne s’est pas fait prier pour aller à sa rencontre. Elle lui a fait des bisous sur les doigts. Il a souri, souri et re : souri. Il me parlait, mais je ne comprenais rien de ce qu’il disait. Colette a finalement posé la tête sur son bras pour s’endormir, tout en soupirant. Elle avait retrouvé son Victor, qui a versé une larme de joie.
Ces retrouvailles m’ont ravie. Et dire que Victor ne parlait plus depuis huit ans. Il m’annonce que Colette a les yeux fermés et dort à poings fermés. Bravo Victor! Vous avez réussi à gagner Colette, qui s’est abandonnée dans vos bras. Et moi, dans tout cela, je me suis bercée dans un océan d’amour, profitant, plus que jamais, d’un moment magique obtenu grâce à la zoothérapie.
In DOG we trust.
Tous droits réservés
Vous aimez cet article? Aimez-nous sur Facebook.