Par Carole Lambert
Zoothérapeute et enseignante
6 juillet 2019 — À partir d’aujourd’hui, Réalité Animale publiera une chronique ponctuelle du Gros Bill, un chat très attachant. Elle sera signée par une écrivaine talentueuse, Carole Lambert, zoothérapeute en Montérégie.
Ces temps-ci, le Gros Bill que je suis est particulièrement fatigué. Je me sens vieux. Je le suis, je crois. J’ai roulé ma bosse un peu partout. Il m’est arrivé toutes sortes d’aventures. Des heureuses, mais aussi des douloureuses.
J’ai failli mourir plus d’une fois, mais je suis toujours là. Mon « grand corps malade » va paresseusement. Il faut dire que je n’ai jamais couru, mais là, je marche piane-piane… Alors, l’éloge à la lenteur, je pourrais en être le fier porte-parole.
Les arbres penseurs
Un sage de la forêt disait que la nature avait ce sens que nous, les humains, n’avons plus, à savoir que tout se passe si patiemment, si tranquillement, avec précaution et sagesse. Nous ne voyons pas les arbres penser.
Pourtant, maintenant, je sais qu’ils ont une structure si bien organisée, que l’eau qui monte des racines jusqu’au bout des feuilles abreuve tout l’arbre en passant, une goutte à la fois, tout doucement, calmement, comme si elle savait ce qu’elle faisait.
Le Gros Bill : un gros lambin
« Ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait ». Pourtant, cet arbre a l’air si peinard, voire léthargique. Croirait-on qu’il travaille? Qu’il donne des mandats à l’eau qui, elle, s’exécute sans broncher (sans brancher). Personne pour lui ordonner d’aller plus vite, pas de règles strictes qui la rendrait coupable, incompétente… Tout règne dans l’ordre le plus harmonieux. Tout baigne dans l’huile. Je veux rester fidèle à ce que j’ai toujours été. Un gros lambin!
Même si je manque de vivacité, que je suis alangui par la vie, j’aime cette vie et j’y ai une place. Ma place. Après tout, je suis un être de la nature. Je suis Gros Bill. Les autres ont besoin de moi, comme j’ai besoin d’eux, avec leur souffrance et leur bonne humeur. La vieillesse m’en fera voir de toutes les couleurs. Et ce ne sera pas un feu d’artifice, croyez-moi.
Le lent tourbillon de la vie
Finalement, les cendres de bois brûlé de cet arbre, qui pourtant était si vivant, trouveront une raison d’être. C’est le consciencieux et lent tourbillon de la vie. C’est la même chose pour tout ce que l’on peut qualifier de vivant. Être vivant, c’est être lent. Être inanimé n’est pas être mort. Il en est de même pour moi.
Je vous offre mes pensées les plus accomplies, en cette saison estivale qui, je l’espère, saura vous entraîner dans l’inconnu et l’imprévu. Véritable hymne à la chaleur, cette chronique se veut une éloge à la lenteur, mais aussi un salut aux âmes entichées par ce nouvel été à peine installé. Après tout, rien n’est jamais mort, rien ne se perd, rien ne se crée.
Passez un bel été!
Photo 1: mirceaianc
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