31 octobre 2016 – À compter d’aujourd’hui, Réalité Animale publiera des carnets animaliers. Ils évoqueront les élans littéraires déjantés d’un passionné de la langue française. Notre chroniqueur s’élancera dans l’arène avec ses mots, ses idées et sa vision des choses. À lire et à relire.
Place aux illuminés
L’antre terrestre n’a plus de place pour les illuminés. Tels des cœurs perdus et des âmes déçues, ces illuminés n’ont jamais cru aux croyances. Résolument tournés vers les animaux, qui sont devenus l’ultime lien avec une nouvelle réalité, ils vivent reclus, chez eux, en compagnie de chats, de chiens, de perroquets et d’autres animaux plus ou moins domestiques.
Pour eux, la confiance en l’homme rime avec se jeter dans le vide en espérant survivre. Ils ont décroché du conformisme et s’accrochent à un monde improvisé, au sein duquel se dresse une forteresse imprenable, un bastion invincible. Retournés aux sources parce que blessés à satiété, parce que désillusionnés à répétition par la bêtise, ils se réinventent tout en pleurant en silence.
L’obscurité mise au jour
Parfois, ils se racontent avec lucidité et transparence. Si l’éternité leur était donnée, ils en feraient volontiers partie. Mais pas ici, affirment ceux qui cherchent une pâle lueur dans la pénombre. Peu importe, puisque les animaux habitent en eux, accèdent à leurs secrets les plus intimes et mettent leurs pensées obscures au grand jour.
Cette coexistence scelle une union indicible, un goût du non-dit et une parcelle d’inédit. Rien ne vaut la douceur animale, où s’expriment l’amour inconditionnel et une fidélité hors du commun. Ces gardiens d’animaux carburent à l’authenticité, en s’appuyant sur des alliés indéfectibles. Pour tout dire, ils en ont fait des complices dans la tourmente glaciale et mondaine.
Telles des feuilles fragilisées par l’automne, à la merci du vent et des froideurs mordantes, ces amoureux des animaux revivent, en quelque sorte. Ils savourent jour après jour leur présence rassurante, véridique, respectueuse, loyale et sincère.
L’amour malmené
Nous sommes dans ce monde. Aussi bien le vivre à notre façon, pensent-ils. Rien n’est plus vrai que le mensonge sur la planète Terre, se plaignent-ils. Et rien n’est plus faux que ceux qui parlent trop, d’ajouter les soldats au cœur pur qui vivent loin des impropres, des fourbes et de ceux qui ont transformé l’amour en un amas de cendres.
Enfermés dans un système qui prône l’autocensure, et où les autorités leur disent comment penser et respirer, ils ne pourront aspirer aux grands honneurs qu’à la condition d’être dociles, soumis aux lois du prêt-à-penser et aux litanies insipides. Mais encore et toujours, ils pourront se réfugier dans la fourrure confortable d’animaux qu’ils ont faites leur, à l’abri des insanités et des insignifiances. Peut-être qu’avec un peu de chance, ils pourront franchir la ligne qui les affranchira à tout jamais d’un carcan malsain, d’une camisole de force dont ils cherchent à se défaire. Dans ce monde à la fois futile et incertain, ces animaux prennent tout leur sens.
Avec eux, ils gravissent les échelons qui mènent aux révélations sur eux-mêmes. Une fois rendus dans un autre ailleurs, leurs mains s’unissent et pointent vers le ciel. Cet ailleurs, qui inspire des refrains inconnus, des mélodies chatoyantes, n’a son pareil que dans un imaginaire dessinant les contours d’une œuvre inconnue. Ces mains réécrivent l’avenir qui promet, un devenir qui saura les accueillir à bras ouverts. Mais surtout, une destinée qui ne compte plus les jours et qui a perdu la notion du temps.
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