L’accessibilité des soins vétérinaires en période de coronavirus

Par François G. Cellier

16 mai 2020 — La crise du coronavirus (COVID-19) a rendu plusieurs gardiens d’animaux inquiets, notamment au regard des problèmes de santé que pourraient vivre leurs compagnons à quatre pattes. Plusieurs questions légitimes se posent, plus particulièrement au regard de l’accessibilité des soins offerts.

Les chiens et les chats se comptent par millions au Québec. En fait, plus de 3 millions ont été recensés dans la moitié des ménages. Les animaux domestiques sont donc nombreux chez nous, si bien que la demande en soins devrait être proportionnelle.

Le Centre vétérinaire DMV, qui compte trois succursales au Québec strictement destinées aux urgences 24/7, ainsi que 25 services spécialisés sur rendez-vous, a recadré son offre de services pour répondre à une demande accrue. Comme l’explique la Dre Caroline de Jaham, PDG des trois centres vétérinaires DMV depuis 2016 : « La demande pour des consultations en urgence a passablement augmenté, en raison de la COVID-19. Nous l’avions envisagé, raison pour laquelle des dispositions ont été prises, dès le début de la crise, pour être en mesure d’accueillir une clientèle plus nombreuse. »

Diagnostic : pas toujours facile

La condition d’un animal malade peut être difficile à cerner pour le commun des mortels, raison pour laquelle s’il subsiste le moindre doute, et que le vétérinaire de famille n’est pas disponible, on suggère d’appeler au Centre DMV pour en avoir le cœur net.

Des techniciens en santé animale sauront évaluer chaque cas, afin d’identifier ceux qui sont urgents. Cela dit, les animaux peuvent être incommodés par de petits maux, par exemple une gastroentérite, si bien que leurs gardiens pourraient eux-mêmes les prendre en charge.

Jeûne 6-12

« Si l’animal a vomi une ou deux fois, mais qu’il demeure somme toute énergique, relativement actif et enjoué, on pourrait préconiser un jeûne 6-12, c’est-à-dire 6 heures sans eau ni nourriture, et 12 heures sans nourriture », explique la Dre de Jaham.

Au terme des 6 heures, on recommencera à donner une petite quantité d’eau pour voir comment les choses se passent. Si les vomissements cessent, et que l’animal ne semble pas souffrir d’une douleur intense, il sera dès lors possible d’y aller avec une nourriture de type gastro après 12 heures. Hautement digestible et faible en gras, elle est disponible en clinique et boutiques spécialisées.

Viande maigre et poulet

La préparation d’une viande maigre ou de poulet bouilli, accompagnée d’un riz blanc également bouilli, pourraient également être servis (en petite quantité) à l’animal. Autre astuce pour gérer les petits bobos, par exemple un chien qui boîte après avoir fait un faux pas en jouant, consiste à lui imposer du repos et à appliquer de la glace sur la patte affectée.

Il faut néanmoins demeurer attentif, car si sa condition ne s’améliore pas et qu’il semble abattu, il faudra alors consulter en urgence. La tolérance à la douleur est plus grande chez les animaux que chez les humains. La vigilance est donc de mise. Les signes d’une condition qui se dégrade sont nombreux, notamment une intolérance à être approché, ou une propension à se coller continuellement sur son gardien.

Et le coronavirus dans tout ça?

Chez l’humain, il y a sept types de coronavirus autres que la COVID-19. Il en existe aussi différentes sortes chez les chats, dont la péritonite infectieuse féline (PIF). La PIF attaque surtout les chatons. Ce virus leur est fatal dans 90 % des cas.

Cela dit, il arrive (très rarement) qu’un humain transmette la COVID-19 à un chat ou à un chien. S’il s’agit d’un félin, les symptômes peuvent s’exprimer par une petite toux, une congestion nasale, une fièvre légère et quelques vomissements. Mais après neuf ou dix jours, l’animal en guérit et n’est plus porteur.

La prudence est de mise

La Dre de Jaham recommande la prudence, afin d’éviter une possible propagation du virus à son animal. Plus particulièrement chez les personnes atteintes. « On devra éviter les caresses administrées à son compagnon poilu, ou de lui servir ses restants de table », prévient-elle. Par ailleurs, bien qu’il soit théoriquement possible qu’un animal contamine une personne, jusqu’à présent, « Les comités d’experts ont déclaré ce risque de faible à très faible », ajoute-t-elle.

Tests autorisés

Advenant qu’un animal ait contracté la COVID-19, un test devra le confirmer. Dans la plupart des cliniques vétérinaires, ces tests sont disponibles. Par contre, la direction générale de la santé publique doit les autoriser, car ils sont d’abord et avant tout destinés aux humains.

Étant donné la pandémie liée au coronavirus, l’abandon d’animaux domestiques risque d’augmenter, en raison du décès de leur gardien foudroyés par la COVID-19. Toutefois, leurs nouveaux adoptants ne devraient pas leur tourner le dos, car même si ces animaux ont côtoyé des humains infectés, deux semaines suffisent pour en éliminer toute trace.

Vaccins et stérilisations

L’Ordre des médecins vétérinaires a enjoint ses membres à reporter tous les soins animaliers non prioritaires, incluant les vaccins et la stérilisation, sans pour autant porter préjudice à la santé animale. En revanche, certaines situations obligent ces interventions, par exemple pour une chatte en chaleurs. On évitera ainsi la naissance de chatons qui pourraient ensuite être abandonnés.

Quant aux bilans annuels, leur faisabilité varie d’une clinique vétérinaire à l’autre et selon la région. Tout est tributaire d’une gestion de l’achalandage et d’une capacité à traiter les cas. En fait, les consultations en clinique vétérinaire seront évolutives, en fonction du contexte lié à la crise du coronavirus. Cette situation perdurera encore pendant des mois. Pour, l’instant, il faut apprendre à vivre avec ce virus, à défaut de pouvoir s’en débarrasser, pensent la plupart des vétérinaires.

Accès interdit aux salles de consultation

Chez DMV, des barrières en plexiglas ont été installées sur les comptoirs, entre les préposés et la clientèle. La plupart des autres cliniques ont aussi opté pour cette solution, afin d’être en mesure d’offrir un meilleur service sans pour autant aggraver la propagation du virus. La clientèle doit pouvoir consulter un vétérinaire, au besoin, moyennant des mesures respectant la biosécurité. Idem pour le personnel.

En outre, dans la plupart des cliniques vétérinaires, les clients n’ont plus accès aux salles de consultations. Chez DMV, la laisse d’un chien est remise à son gardien, car cet établissement utilise les siennes. On décontamine ensuite le pelage des animaux, car ce pelage, comme toute autre surface inerte, peut être un vecteur du coronavirus.

Il est possible de décontaminer le pelage d’un animal à la maison, en mélangeant une partie d’eau de javel dans 20 parties d’eau, et en utilisant un linge bien essoré. Ce dosage doit être respecté à la lettre, afin d’éviter les possibles brûlures infligées à un animal. Il faut éviter d’atteindre la gueule, les muqueuses et les yeux. Les vaporisations et les bains d’eau de javel ne sont pas recommandés.

La crise du coronavirus a modifié les façons de faire dans la plupart des secteurs d’activité. Celui du monde animalier n’échappe pas à cette réalité. Bien que des mesures sanitaires soient déployées pour endiguer la contamination, tout le monde doit être au même diapason, afin que la propagation de la COVID-19 puisse être stoppée le plus vite possible.

Photos 1-2-4-5-6:
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