22 juin 2015 — Il y a six ans, Simon Pérusse a domestiqué une corneille qu’il a baptisée Moko. Mais le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Direction de la protection de la faune de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches, veut la lui confisquer, car il est interdit
d’avoir cet oiseau sauvage en captivité au Québec. L’animal n’a jamais pu voler, en raison d’une blessure subie à une aile qui n’a jamais complètement guéri.
Moko n’avait que deux semaines quand son maître lui a prodigué les soins requis, afin qu’il puisse reprendre sa liberté. « Selon un principe amérindien, si un animal perd ses parents, on tente de le retourner à la terre. Aucun lien n’est créé avec lui. On ne fait que le nourrir pour ensuite le libérer au moment opportun », explique Simon Pérusse.
Mais un mois plus tard, l’oiseau n’arrivait toujours pas prendre son envol. Deux options se sont alors présentées : le garder ou le libérer. En temps normal, il aurait été remis dans la nature qui se serait chargée du reste. Mais comme Simon Pérusse est guide historique dans le domaine autochtone, et que la faune a déjà été son lieu de travail principal, il a gardé Moko à des fins d’interprétation. Partout où il travaille, l’homme se déplace occasionnellement avec sa corneille sur le bras. Il n’y a pas si longtemps encore, il l’emmenait parfois sur le Site traditionnel Huron, à Wendake.
Une visite au MFFP
Après avoir récemment appris qu’il gardait un animal illégalement, Simon Pérusse a communiqué avec le personnel du MFFP pour régulariser sa situation, dit-il. Croyant qu’il était possible d’obtenir un permis pour garder Moko, selon ce qu’il a compris, Simon Pérusse a cru (à tort) que l’affaire était réglée. Quelque temps plus tard, on l’aurait informé que son oiseau lui serait retiré.
L’homme est lui-même retourné aux bureaux du MFFP avec Moko sur le bras, le 22 juin, où des agents lui ont remis un constat d’infraction dont le montant s’élève à plus de 600 $. L’oiseau a ensuite été saisi, mais son maître a pu le récupérer. L’animal est toujours sous l’effet d’une saisie, tandis que Simon Pérusse dispose d’un mois pour plaider coupable ou non à cette infraction. S’il opte pour le second scénario, il devra se présenter devant le tribunal, où un juge décidera du sort de Moko.
« Je suis très attaché à cet oiseau, car les interactions avec lui sont plus fortes que celles que j’ai avec mon chien et mon chat. Si je m’absente pendant plus de deux semaines, il s’arrache les plumes et cesse de manger », raconte Simon Pérusse.
Une position claire
Du côté du MFFP, les règles sont sans équivoque : sauf exception (ex. : certains types d’amphibiens ou de couleuvres), « Toute personne qui garde un animal d’espèce indigène en captivité, au Québec, doit posséder un permis pour l’avoir », explique Mario Godbout, agent de protection de la faune au MFFP. Toutefois, ce permis n’est délivré, sauf exception, qu’à la condition qu’une personne ne possède pas déjà un animal sauvage. Les principaux permis existants sont ceux de type centre d’observation de la faune ou de jardin zoologique. Ceux qui les détiennent doivent exploiter une entreprise et retenir les services d’un médecin vétérinaire, à titre d’exemple.
En attendant la suite des procédures, Simon Pérusse pourra conserver Moko avec lui. « Nous lui avons demandé d’en prendre la garde. L’oiseau a un statut particulier. Il est en captivité depuis six ans, domestiqué et blessé. Précisons toutefois que l’animal ne pourra pas être exposé contre rémunération », poursuit Mario Godbout. Cette histoire ressemble, à certains égards, à celle du raton laveur Nymous, qui fut saisi puis redonné une semaine plus tard à son maître moyennant des conditions strictes.
N. B : Une pétition a été mise en ligne sur Internet récemment, pour demander aux autorités que Simon Pérusse puisse garder son oiseau.
Photo 1: Dollar Photo Club/Steve Byland
Photo 2 : Courtoisie Facebook
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