27 mars 2018 — Le cheval est un animal noble et hypersensible. Dans un monde idéal où il n’est pas soumis à la domination de l’homme, sa communication avec lui peut prendre diverses formes. Parmi ceux qui ont développé une expertise en ce domaine, certains croient que cet animal ressent les vibrations des personnes présentes dans son environnement immédiat.
Une étude menée par Rachele Malavasi, chercheuse en cognition à l’École d’équitation éthique de Moncigoli Di Fivizzano, en Italie, a démontré que des liens étroits unissent les chevaux à leurs maîtres. Publiée en avril 2016, elle est le fruit d’un travail réalisé en collaboration avec Ludwig Huber, professeur à l’institut de recherche vétérinaire de Vienne (Autriche). Ces deux chercheurs voulaient savoir si la communication entre l’homme et le cheval était possible. La réponse est oui. En fait, ils ont constaté que les chevaux font ce que l’on appelle de la « communication référentielle hétérospécifique ». Autrement dit, ils peuvent communiquer quelque chose en rapport avec l’environnement.
Parler aux chevaux autrement
Dans l’ouvrage intitulé Parler aux chevaux autrement, publié aux éditions Amphora en novembre 2009, l’auteur et écuyer Carlos Pereira aborde la question de la sémiotique équestre, qui étudie les signes et leur signification. Parmi plusieurs sujets traités dans cet ouvrage figurent la communication Homme/Cheval, ainsi que « La pauvreté de la psychologie du cavalier ».
Christine Tupper, directrice et fondatrice de l’Écurie Shamanica, située à Val-David, optimise cette communication du cheval pour apaiser les blessures émotionnelles chez l’humain. Elle affirme « Qu’en présence d’une personne, le cheval bouge dans un mouvement que l’on pourrait comparer à une danse. Ce faisant, il projette l’histoire du sujet qui se trouve devant lui, afin de l’amener à trouver les bons outils qui permettront d’atteindre un mieux-être intérieur ».
Une approche en pleine émergence
« Cette approche, qui vise à ce que les humains se sentent mieux au contact d’un cheval, est une nouvelle branche en pleine émergence, bien qu’il reste encore beaucoup à comprendre sur les chevaux », estime pour sa part Sandy Letarte, fondatrice d’Équin Communication. Cette technicienne équine travaille, entre autres, en collaboration avec des intervenants en psychologie humaine, afin de leur transmettre diverses informations en rapport avec le langage des chevaux.
Les trois premiers sens qui sont interpellés lorsqu’un cheval communique sont la vision, l’olfaction et le tactile, qui passent avant les émotions qu’il pourrait ressentir, ajoute-t-elle. Néanmoins, plusieurs scientifiques commencent à se pencher sur l’aspect émotionnel du cheval, au moyen d’études qui sont menées sur le sujet.
Une écurie très achalandée
Les gens sont nombreux à fréquenter l’Écurie Shamanica, afin d’y expérimenter la « communication gestuelle à travers les yeux des chevaux. » Ils proviennent non seulement du Québec, mais également d’ailleurs dans le monde. Il peut s’agir de cavaliers qui souhaitent comprendre comment tisser ce lien particulier entre eux et leur cheval, ou d’autres personnes désireuses d’en savoir davantage sur sa capacité à ressentir les émotions des autres.
Chaque séance dure de deux heures et demie à trois heures. Pendant tout ce temps, Christine Tupper fait office d’accompagnatrice. Elle décrypte ce que les chevaux communiquent aux participants. Les résultats ne sont pas toujours immédiats. Il faut parfois laisser décanter les choses pour réaliser, après coup, ce qu’il y avait à comprendre. Cela peut prendre des jours, voire des semaines. Au final, il revient aux personnes concernées de tirer leurs propres conclusions.
Apprivoiser le lâcher-prise
Gardienne d’un troupeau qui compte 14 chevaux, Christine Tupper affirme avoir saisi très jeune la psychologie équine. « Bien souvent, ces animaux sont incompris. Or, la seule manière d’entrer en réelle communication avec eux est justement de les comprendre », dit-elle. À leur contact, sa vision des choses a changé. Elle a notamment vaincu ses inhibitions et apprivoisé le lâcher-prise, si bien que cela lui permet d’aider les autres aujourd’hui.
Dès l’âge de 10 ans, elle allait souvent « traîner » au centre équestre où sa sœur travaillait. Un jour, après avoir exprimé l’envie de faire du cheval, on n’a pas voulu lui laisser monter celui qu’elle voulait. Elle a dû en enfourcher un avec qui le courant ne passait pas. « Je l’ai senti d’emblée, avant même de l’approcher », dit-elle. Il a d’ailleurs tout fait pour la désarçonner, sans y parvenir. La fois suivante, sa sœur lui a laissé choisir son cheval. À l’Écurie Shamanica, ce sont les chevaux qui décident avec qui ils voudront communiquer.
La communication avec un cheval tend à démontrer, selon l’expérience apprise dans cette écurie, qu’elle peut atteindre des niveaux d’ordre émotionnel. Si cet animal s’exprime dans un langage corporel qui lui est propre, il serait aussi enclin à comprendre et à ressentir le vécu des humains qu’il côtoie. S’il reste encore des choses à démontrer sur le plan scientifique en cette matière, on ne peut, néanmoins, qu’être attentif à cette dimension qui fait appel à la sensibilité et au ressenti.
Photo 1: Candiix
Photo 2: WolfBlur
Photo 3: Sandy Letarte/Courtoisie Équin Communication
Photo 4: Blaer
Pour en savoir plus à propos des activités qui se déroulent à l’Écurie Shamanica, cliquer sur cet hyperlien.
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