Réalité Animale présente la troisième partie des aventures de Tissa. Cliquez ici pour lire la seconde partie.
Par Louis-Claude Thibeault
Merci pour tous tes encouragements et conseils. Je suis d’accord avec toi, Johanne n’est plus une étrangère. Elle prend soin de moi comme une bonne maman. J’aime bien la routine de faire ma toilette sur ses jambes, le soir, pour ensuite passer la nuit collée sur elle afin d’avoir chaud et me sentir protégée sous les couvertures. Pas dessus, mais en dessous.
Mais l’homme. Ah! Lui, on ne peut pas lui faire confiance; il est sournois. L’autre jour, je suis descendue au sous-sol, histoire de faire une bonne peur à la chatte qui s’y cache. Rendu au milieu de l’escalier, je l’ai aperçu : il était assis sans bouger devant un écran et il me regardait telle une araignée dans sa toile attendant sa proie. J’ai eu tellement peur que j’ai remonté tous les escaliers pour regagner ma cachette dans les coussins. Je suis restée là, tremblante, jusqu’à ce que je m’endorme.
Est-ce que Desdémone est toujours aussi occupée? Est-ce qu’elle pense à moi? Et tous les autres, est-ce qu’ils vont bien? Est-ce que Hermès se remet de son voyage transatlantique? Est-ce qu’il apprend à jouer? Est-ce qu’il mange maintenant? Et comment va son rhume? Moi, je m’habitue petit à petit à cette nouvelle maison. J’étais devenu plus calme et j’avais moins peur. Mais aujourd’hui, ça s’est gâté. Ils m’ont foutue dans le transporteur et m’ont mise dans l’auto. Je pensais que je déménageais à nouveau.
Dans mon esprit, nul doute que je ne suis pas une itinérante; je n’ai pas à déménager chaque semaine. Mais non, ils m’ont amené chez le vétérinaire pour faire enlever mes points de suture. Pourquoi? J’avais déjà commencé à les enlever. Enfin, au moins un, mais ça a causé une infection. J’avais une grosse boule sur le ventre. Il a fallu qu’ils m’injectent des antibiotiques dans le dos. J’ai eu tellement de caresses durant cette injection que ça n’a pas fait mal. J’ai fait ça comme une grande. Mais c’est quand même vraiment désagréable. J’étais très fâchée et déstabilisée. Ils m’ont ramené à la maison et je me suis cachée pendant des heures.
Je suis sortie de ma cachette quand j’ai entendu des petits cris de souris. C’était Johanne avec une petite souris qui fait « couic couic ». J’étais déçue. Je pensais que c’était une vraie souris. L’homme a préparé pour moi un très beau jouet. C’est un petit morceau de papier au bout d’une ficelle. J’ai reconnu le petit papillon que j’avais aperçu quand j’étais cachée sous le divan. C’était amusant de lui courir après. Zak s’est joint au jeu pendant que Mia nous observait, de loin, tandis que Zeus continuait sa sieste.
La cuisine est vraiment bien ici. Je mange de tout. On me donne des bouchées Royal Canin, du poisson et du poulet. J’ai même l’opportunité de lécher une assiette avec de la crème. Ça, c’est le dessert. Ça finit bien un repas. J’ai la dent sucrée, je crois. L’autre soir, j’ai trouvé une petite assiette avec un morceau de sucre à la crème. J’en ai léché un peu.
Tu sais, Natalie, Mia ne vit plus dans le sous-sol. Elle vient me renifler. Elle s’approche de moi et a même participé (pendant quelques secondes) au jeu du papillon. Demain, Johanne et Louis-Claude m’ont dit qu’ils iraient magasiner pour m’acheter un poisson, comme il s’en trouve dans ta maison, pour que je puisse me faire les griffes. J’ai déjà un grand et un petit poteau griffoir, ainsi qu’un fromage. Ils pensent me faire plaisir avec ce poisson. Est-ce que tu crois que c’est nécessaire?
Je t’avoue honnêtement, Natalie, que je commence à me sentir très bien ici. J’ai découvert les trois étages de la maison et j’ai trouvé de nouvelles cachettes. Si jamais ils veulent me remettre dans le transporteur, je saurai où me cacher. J’ai ratissé toutes les pièces de la maison. Ce soir, j’ai entendu mes nouveaux maîtres dire que demain, ma litière, qui est passée de l’étage au rez-de-chaussée, allait être déplacée au pied de l’escalier du sous-sol. Quelle horreur! Tu t’imagines ce que ce sera quand j’aurai envie de faire pipi en pleine nuit? Il va falloir que je descende trois étages! Mais c’est ce que les autres doivent faire. Il me faudra m’habituer.
Tu sais, Natalie, je ne vous oublie pas. Je ne veux pas, même si ma mémoire s’embrouille. Je vous aime toujours et je ne veux jamais vous oublier, car vous avez été une famille extraordinaire pour moi. C’est ce qui fait de moi ce que je suis devenue.
À bientôt Natalie.
Tissa
Crédit photos: Chatterie Sous le saule
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