28 mai 2018 — La malédiction frappe les animaux de race depuis longtemps, en raison d’une reproduction qui engendre des maladies génétiques dans certains élevages, ce qui a ouvert la porte à diverses maladies souvent incurables, voire mortelles. Mais d’ici une vingtaine d’années, peut-être un peu plus, les scientifiques sont d’avis que ces maladies deviendront chose du passé.
La génétique vétérinaire a beaucoup évolué depuis une quinzaine d’années, si bien qu’il est maintenant possible d’enrayer plusieurs maladies propres aux animaux de race. Il n’y pas si longtemps encore, les éleveurs n’avaient que très peu d’outils pour savoir si leurs reproducteurs étaient en bonne santé. Mais aujourd’hui, ils ne peuvent plus feindre l’ignorance et entretenir une mauvaise lignée génétique dans leur cheptel.
Un ADN sans anomalies
Un bon ADN est primordial pour tout éleveur d’animaux de race. La lignée des reproducteurs doit être optimale, afin d’éviter que leur progéniture développe une maladie. Raison pour laquelle ces reproducteurs doivent être testés en laboratoire, afin que les adoptants puissent être sûrs, d’emblée, que l’animal qu’ils acquièrent n’est pas hypothéqué par des tares génétiques.
Il y a eu la découverte du séquençage de génome en 2005. Mais une autre révolution, survenue au cours des dernières années, permet désormais la détection de plusieurs maladies propres aux chiens, aux chats, aux chevaux, aux vaches et aux oiseaux domestiques. Le laboratoire universitaire Labgenvet est un des seuls, au Canada, à faire ces tests. Associé à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, ce laboratoire a produit un dictionnaire, sur le Web, qui fait la nomenclature de ces maladies.
Les États-Unis en avant
Ce dictionnaire évolutif existe aux États-Unis depuis quelques années. Mais bonne nouvelle, il est maintenant disponible en français au Québec. Cela dit, il ne fait pas qu’une simple énumération des maladies génétiques. Ces dernières y sont en outre classées par races, mais également associées aux doubles mutations qui en sont les vectrices. Grâce à ces informations capitales, il est désormais possible d’en prévenir la transmission aux générations futures.
À titre d’exemple, la myélopathie dégénérative peut affecter à peu près toutes les races canines, à des niveaux d’intensité qui varient. Cette maladie neurologique se manifeste sur des sujets vieillissants. Similaire à la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Lou Gehrig), qui a eu raison du célèbre astrophysicien Stephen Hawking, elle provoque l’affaiblissement musculaire, une paralysie et éventuellement la mort. Il n’existe jusqu’à présent aucun traitement pour la guérir. Les animaux atteints par cette maladie finissent par être euthanasiés, et ce, bien avant que n’apparaissent les complications sérieuses. On veut ainsi leur permettre de mourir dans la dignité.
Gène mutant
La myélopathie dégénérative a une génétique fort simple, nous dit le Dr David William Silversides, directeur scientifique au Labgenvet : « Elle découle d’un gène mutant. Pour qu’un animal soit à haut risque de développer la maladie qui y est associée, il doit porter en lui deux copies mutées du gène en question. Cela devient possible lorsque les deux parents sont des porteurs non identifiés (silencieux) de la mutation. »
Éviter cette double mutation passe par des « accouplements judicieux », c’est-à-dire que le gène d’un des reproducteurs doit être sain, même si l’autre parent est porteur de la mutation. Il en résultera une portée dans laquelle certains des petits seront « clear », pour employer l’expression française. Dès lors, ils deviendront d’excellents candidats pour des reproductions futures. À contrario, si les parents sont tous deux porteurs de la mutation, leurs nouveaux-nés pourraient développer la maladie.
Une éducation à faire
« Malheureusement, les doubles mutations vont se perpétuer pendant des années encore, car il reste beaucoup d’éducation à faire », précise le Dr Silversides, dont la clientèle est constituée d’éleveurs et de vétérinaires. Il faut savoir que contrairement à l’élevage industriel (ex. : bovin ou porcin), dont les pratiques sont beaucoup plus concentrées, les éleveurs d’animaux domestiques sont plus nombreux et disséminés aux quatre coins du pays.
Les choses s’améliorent cependant, notamment chez le porc, dont les maladies génétiques dites « simples » ont été entièrement éradiquées, parce que les compagnies génétiques porcines ont fait le travail pour s’en débarrasser. « Nous sommes entrés dans le même processus avec les chiens et les chats domestiques, mais il faudra encore du temps pour obtenir des résultats probants », conclut le Dr Silversides.
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