Réactivité en laisse: Que faire?

Espace Chien 3Par Amélie Bourdon, M.C.P.
Spécialiste en comportement canin chez Espace Chien
Membre de l’APDT
Instructrice et évaluatrice pour le programme « My Dog has C.L.A.S.S. »

18 juin 2015 — Copain est un Labrador attachant. Cependant, il est réactif lorsque tenu en laisse. En pareille situation et à la vue d’un chien, l’animal exprime une agressivité bien sentie alors qu’en temps normal, il a la réputation d’être doux.

La plupart du temps, il tire sur sa laisse, grogne, aboie et adopte une posture haute, dit-on dans le jargon des éducateurs canins. En d’autres termes, il appuie de tout son poids sur ses pattes avant. Cela lui donne de la hauteur et le rend plus imposant.

Peur, stress et anxiété

Ce comportement traduit le malaise ressenti par Copain quand il aperçoit un de ses semblables. Une telle attitude révèle la peur, un stress et de l’anxiété. Nombreux sont les chiens à être réactifs quand ils sont en laisse. Les causes peuvent être diverses : « ils peuvent avoir été attaqués par un autre chien dans le passé, ne pas avoir été socialisés entre un et quatre mois, ou être restés trop longtemps en cage avant d’être acquis dans une animalerie », explique Amélie Bourdon, éducatrice en comportement canin chez Espace Chien.

La réactivité en laisse peut aussi être exacerbée par le maître lui-même, en raison des réprimandes qu’il adresse à son animal pour l’empêcher d’agir ainsi. On augmente alors le niveau de stress et de peur, ce qui ne fait qu’envenimer les choses.

Déprogrammer l’animal

Labrador passeando, cachorroDans tous les cas, il existe différents moyens pour atténuer, voire enrayer ce comportement. Dans un premier temps, il faut désensibiliser le chien qui en voit un autre. Un éducateur canin l’exposera à cette situation au moyen d’une approche méthodique et calculée. Pour bien faire, il faut d’abord déterminer la distance idéale entre les deux chiens, c’est-à-dire celle qui ne suscite aucune réaction chez celui qui est réactif. Puis, petit à petit, on réduira l’écart.

Comme cette première étape demande du temps pour obtenir des résultats, il faut y amalgamer l’approche appelée contre-conditionnement classique. Celle-ci consiste à changer l’attitude d’un chien face au stimulus qui le dérange, en créant une émotion positive. Dans le cas de Copain, un chien très gourmand, la nourriture est tout indiquée pour y parvenir. Cela crée une sensation de plaisir chez l’animal, au même titre que les humains qui mangent leurs émotions.

Le contre-conditionnement opérant

On ajoutera également à cette technique le contre-conditionnement opérant, qui entre en contradiction avec le comportement naturel d’un chien. À titre d’exemple, celui qui a tendance à agresser des personnes est mis en position assise ou couchée. Pendant qu’un éducateur canin travaille à changer cette mauvaise habitude, il est de ce fait impossible pour l’animal d’être en mode attaque.

En somme, quand il est exposé à un autre chien et qu’il est en laisse, Copain reçoit à manger, est assis et doit se concentrer sur sa maîtresse. En changeant l’émotion négative associée à son problème, il en vient à oublier d’aboyer et d’être agressif. Petit à petit, on réussira à modifier son comportement de cette façon. Pour bien appliquer la méthode préconisée, « Un éducateur canin doit avoir le sens du synchronisme, afin que l’animal comprenne ce que l’on attend de lui à des moments bien précis », indique Amélie Bourdon.

Copain va mieux

Cute dog isolated on white backgroundAprès quelques séances d’éducation, Copain a fait des progrès. Son agressivité est moins intense et il est plus facile d’y mettre fin. « Lorsqu’il fait face à un autre chien, il focalise davantage son attention sur moi que sur l’animal », raconte sa maîtresse. Il faut se rappeler que bien souvent, les comportements problématiques chez un chien peuvent être résolus. Il suffit de le savoir et d’entreprendre les démarches qui s’imposent, ce qui sera bénéfique à plus d’un titre. L’animal se sentira mieux, mais le maître aussi.

N. B : L’agressivité canine peut aussi être attribuable à la génétique d’un animal, voire à son alimentation. Réduire cette agressivité, qui constitue une émotion négative, voire l’éliminer complètement, évitera qu’il soit possiblement abandonné, voire euthanasié.

Photo 2: Dollar Photo Club/jufrug
Photo 3: Dollar Photo Club/Africa Studio

Ce texte a été traduit en anglais.

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