28 mars 2017 — Le deuil animalier peut s’apparenter à une asphyxie existentielle, voire à un choc physiologique au cours duquel la mort entre en collision avec le cœur meurtri. « Un ami d’un certain âge m’a raconté, la larme à l’œil, qu’il se souvenait du jour du décès de son chien comme si c’était hier. Pourtant, l’événement s’est produit il y a 60 ans. Comme quoi, pour certains individus, des moments importants et significatifs comme ceux-là sont inoubliables », raconte Lynne Pion dans son nouveau livre intitulé Apprivoiser le deuil animalier, publié aux éditions Béliveau.
Cet ouvrage de référence, et combien important, s’applique à démontrer que le deuil animalier est un phénomène « émergeant » dans notre société. Malheureusement, il est encore loin d’être reconnu à sa juste valeur. Faire une dépression à cause d’un défunt compagnon à quatre pattes, ou même d’un oiseau est inconcevable pour ceux qui ne comprennent pas le lien d’attachement entre un animal et son maître. En pareille circonstance, se faire dire qu’on peut facilement s’en procurer un autre fait encore plus mal.
Un intérêt pour le deuil animalier
Pour elle, l’exploration du deuil animalier a commencé en 2015 grâce à Antoine Senecaut, directeur à La Compagnie des Vétérinaires, en France. Lors d’une conversation qu’elle a eue avec lui, il en est ressorti que dans la francophonie du monde entier, les besoins à combler sont énormes en cette matière. Que ce soit pour ce qui touche l’accompagnement des personnes endeuillées, ou la documentation accessible sur le sujet.
« Comme j’ai toujours vécu avec des animaux, chez moi ou à la ferme lorsque j’étais petite, cette discussion m’a interpellée », se souvient Lynne Pion, qui est également professionnelle du deuil et de la résilience.. Et avec raison, puisque seulement au Canada et en Europe, la moitié des gens qui y vivent ont un animal, en raison de ses multiples vertus. Les choses ont déboulé très vite par la suite, ce qui a conduit à la publication d’un livre qui explique ce qu’est le deuil animalier, mais aussi comment l’apprivoiser.
« Chaque animal est unique. Chaque lien avec lui est unique. Chaque deuil est unique », nous rappelle cette auteure. Chez les enfants, les adolescents, les adultes ou les aînés, la détresse qu’il entraîne est vécue différemment. À titre d’exemple, « apprivoiser le deuil, lorsque l’on est enfant, c’est avoir besoin de se sentir aimé, rassuré, réconforté et entendu dans sa peine. C’est avoir plein de questions en tête, et trouver soi-même des réponses si les grands ne prennent pas le temps d’y répondre eux-mêmes », résume-t-elle.
Un homme, ça ne pleure pas
Chez les adultes, un homme vivra son chagrin autrement qu’une femme. C’est bien connu, l’homme qui vit un deuil est sous l’emprise d’une image trop souvent véhiculée par la société, à savoir qu’il ne doit pas pleurer. Tout le monde se souvient d’un père, d’un frère ou d’un oncle endeuillé qui semblait ne rien ressentir en apparence, mais qui, pourtant, éprouvait une profonde tristesse après la mort d’un être cher. Et quand on lui disait qu’il avait l’air insensible, cela ne faisait qu’ajouter à la douleur du deuil vécu.
Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, le deuil animalier ne saurait être pris à la légère. En apprivoiser les effets, c’est s’apprivoiser soi-même, en quelque sorte. Pour tout dire, comprendre et assumer la portée du deuil animalier ne sera que bénéfique. La douleur s’estompera avec le temps, mais les souvenirs vécus avec l’être cher feront apparaître des couleurs inédites.
Au final, l’animal disparu survivra dans le cœur et l’esprit de son maître, qui entrera dans une zone inconnue où règnent des parfums dont les odeurs sont permanentes, et où le sens du goût recèle des saveurs à deux doigts d’être éternelles.
Un autre article sur Lynne Pion est également accessible sur ce site.
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