Dégriffage: une question d’éducation

Éduchateur 37 mai 2015 — Sujet extrêmement controversé au Québec depuis un certain temps, le dégriffage des chats divise l’opinion publique. D’un côté se trouvent ceux qui voudraient interdire cette pratique — qui est d’ailleurs proscrite dans une quarantaine de pays — et de l’autre les partisans du libre-choix qui renonceraient à avoir un chat, advenant qu’ils ne puissent plus le dégriffer.

Mais au-delà des considérations propres à cette question subsiste le gros bon sens, car il faut l’admettre, « Le dégriffage, que l’on appelle phalangectomie ou onyxectomie en médecine vétérinaire, est une amputation. Or, il faudra encore du temps pour faire comprendre à tous que l’ablation des griffes est inutile. Pour y parvenir, la diabolisation de ceux qui préconisent cette approche devra être évitée, car elle ne ferait que les rebuter davantage », croit Daniel Filion, propriétaire d’Éduchateur et consultant en comportement félin.

Des arguments bancals

Dans un premier temps, dire que cette chirurgie est sans douleur ne tient pas la route, dit-on, car personne ne peut en mesurer l’intensité. Pour tout dire, s’il a été bien acclimaté à son environnement, un chat plantera ses griffes aux bons endroits. « Plusieurs pays interdisent le dégriffage, pourtant, les gens qui y vivent ont des divans eux aussi », d’ajouter Daniel Filion.

Éduchateur 1Pour qu’un chat ne fasse pas ses griffes sur du mobilier, il faut installer des poteaux griffoirs lourds et stables dans les zones stratégiques. « Ceux-ci doivent mesurer entre 30 et 36 pouces de hauteur. Je vous assure qu’un poteau griffoir approprié fera le travail », affirme Daniel Filion avec conviction. Bien des gens ont du mal à y croire, car malheureusement, la plupart aménagent les mauvais poteaux aux mauvais endroits.

Et les griffes arrière?

Une fois la problématique associée aux griffes des pattes avant résolue, il n’en demeure pas moins que les griffes arrière peuvent causer des dommages, par exemple pendant les activités ludiques propres aux félins. Mais comme l’explique Sophie Lecompte, diplômée en éthique animale et éducatrice féline chez Éduchateur, « Dans le cas d’un fauteuil en cuir ou constitué d’un autre matériau, il suffit d’étendre une jetée sur les coussins ou les accoudoirs pour résoudre le problème », dit-elle. Ce compromis vient avec les responsabilités inhérentes à l’adoption d’un chat.

En ce qui a trait à la sécurité des enfants, un félin dégriffé sera plus enclin à mordre, car ses canines demeurent l’ultime moyen de défense. Or, la morsure d’un chat peut rapidement conduire à une grave infection. Quant aux personnes atteintes d’une maladie immunodéficiente, encore là, le dégriffage n’est pas la panacée, selon l’organisme américain Center for Disease Control and Prevention (CDC).

doctor and a British cat on white backgroundEn somme, il ne faudrait surtout pas penser que dégriffer son chat est un crime, mais plutôt une habitude à détricoter petit à petit. Pour atteindre cet objectif, sensibiliser le grand public sur cette question ne fera qu’améliorer les choses. Daniel Filion s’emploiera à le faire d’ici quelque temps, à l’occasion de la Campagne Mes Griffes. L’événement se mettra en marche au début du mois de juin chez nous. Il sera chapeauté par plusieurs médecins vétérinaires. « Nous pourrons ainsi éliminer une pratique encore très ancrée dans nos mœurs, afin d’éviter que des chats domestiques soient amputés inutilement », conclut Daniel Filion.

NDLR: Dégriffer un chat équivaut à lui amputer la troisième phalange, ou à couper chaque bout de doigt d’un humain.

Photos 1 : Daniel Filion, propriétaire d’Éduchateur.
Photo 3: Dollar Photo Club/dadoodas

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