Par Natalie Robidoux
Éleveuse éthique membre de l’Association professionnelle
des comportementalistes praticiens (APCP)
31 octobre 2018 – Les comportements félins sont régis par une série de codes qu’il faut savoir reconnaître, afin d’être en symbiose avec eux.
Dans cet article, Natalie Robidoux, éleveuse éthique, membre de l’Association professionnelle des comportementalistes praticiens, expose diverses situations pendant lesquelles un chat communique au moyen du langage corporel. Celui-ci présente une palette d’émotions à la fois complexe et étonnante. Pour mieux comprendre cette réalité féline, nous vous proposons huit questions et réponses parmi les plus souvent posées.
Un chat peut-il tomber de haut sans se blesser?
Un félin qui tombe de haut pourrait se blesser gravement, voire mourir. Après l’impact, ses pattes pourraient être chiffonnées (ex. : entorses et ligaments endommagés) ou cassées, sans compter qu’il pourrait s’infliger de possibles blessures à la poitrine, aux côtes, au bassin et au menton. De même, s’il sautait d’une hauteur inférieure à 1 mètre 50, il risquerait aussi de se blesser gravement, car il pourrait ne pas pouvoir se redresser à temps. Il faut savoir que cette altitude est un minimum nécessaire pour qu’il puisse le faire.
Le chat a un réflexe inné de redressement, ce qui veut dire qu’il s’oriente lors d’une chute, afin d’être en mesure de retomber sur ses pattes avant. Il a cette capacité d’évaluer la situation, grâce à une vue et un organe vestibulaire. Le réflexe de redressement apparaît très tôt chez le chaton, soit dès la troisième semaine après sa naissance. Et à la septième semaine, ce réflexe est parfaitement maîtrisé. Néanmoins, une chose est à peu près sûre : il ne sautera pas si le point de chute est trop élevé.
Ses vibrisses lui servent aussi à évaluer la distance jusqu’au sol. Si la hauteur est excessive, un chat peut s’étirer et bloquer l’air pour ralentir un saut dans le vide. D’ailleurs, le syndrome du parachutiste démontre que s’il tombe du 7e ou du 32e étage, cela ne fera pas une grande différence. Pourquoi? Parce qu’il aura eu le temps requis pour se détendre et s’étirer, afin de créer l’effet d’un parachute. Bien évidemment, ces hauteurs vertigineuses décourageront un chat de s’y lancer, car il ne prendrait pas un tel risque.
Lorsqu’un chat a peur, on dit qu’il a la queue grosse.
Lorsqu’un félin a peur, il le manifeste en devenant plus gros. Il y parvient en gonflant les poils de sa queue. En outre, sa robe devient hérissée et on peut voir une crête sur son dos. Si le danger auquel il fait face persiste, il se cambrera et aplatira les oreilles. Cela veut dire que sa peur aura atteint un niveau maximal, si bien qu’il pourrait attaquer.
Pourquoi un chat se met-il à feuler (cracher)?
Les feulements s’apparentent aux grognements et aux sifflements. On dit alors d’un chat qu’il crache, afin d’intimider son adversaire en cas d’agression potentielle. La première étape de cette stratégie défensive se veut un d’avertissement. Il est donc primordial de le reconnaître, autrement l’animal pourrait attaquer. Advenant que son entourage ne respecte pas cet avertissement, il pourrait passer outre, la fois suivante, et attaquer sans prévenir.
Pourquoi un chat se frotte-t-il la tête sur le menton de son maître?
Le chat qui se frotte sur le menton d’une personne, ou qui heurte sont front, traduit un état de pur bonheur. Il veut ainsi laisser son odeur sur elle et intégrer cette personne dans son territoire. Pour tout dire, il veut nous faire lui. Le toucher et l’odorat jouent un rôle essentiel dans la relation entre les chats et les humains.
Comme un petit félin ne peut pas atteindre notre visage, il se frotte contre les jambes de son maître pour le saluer, nous marquant ainsi de son odeur et prenant la nôtre. Par la suite, il lèche son pelage pour enlever cette odeur et retrouver la sienne. Il ne faut surtout pas s’en offusquer, mais plutôt se rappeler que les chats marquent sans cesse leur territoire avec leur propre odeur, qu’ils déposent sur les objets et les personnes. Ils le font en griffant (poteau griffoir) et en se frottant, grâce aux glandes qui se trouvent sous leurs coussinets (pattes), leur queue et leur museau.
Pourquoi un chat miaule-t-il tout seul?
Plusieurs raisons peuvent être à l’origine du miaulement solitaire d’un chat. L’un des motifs pourrait être lié au fait qu’il a changé d’environnement. Il appelle ainsi sa fratrie (ses frères et sœurs) dont il s’ennuie. Chez un chaton, les miaulements peuvent survenir s’il souffre physiquement. La faim, la soif, le froid et le sentiment d’être isolé sont d’autres raisons qui les provoquent. Habituellement, un chaton satisfait et heureux ne miaule pas.
Les miaulements du chat adulte
Il ne faut jamais négliger les causes physiologiques d’un chat qui miaule. Parfois, les miaulements expriment un malaise, des douleurs chroniques, de l’hypertension, une hypotension ou tout autre type de maladie. Il peut aussi miauler pour demander de l’attention, surtout s’il ne voit pas son maître assez souvent, par le fait d’une absence prolongée du domicile. De retour à la maison, il pourrait être porté à leur dire bonjour à répétition, parce qu’il s’est ennuyé. Dans d’autres circonstances, le miaulement exprime l’envie d’un chat d’être en présence du sexe opposé, à des fins d’accouplement. La stérilisation est donc recommandée, afin d’éliminer cette problématique.
Les miaulements chez un chat âgé
Malheureusement, comme tout être humain, un chat peut lui aussi devenir sénile et vivre avec des déficiences neurologiques. Il perd alors ses repères, se met à paniquer et passe en mode recherche. Les pertes sensorielles font aussi partie de l’équation, à savoir la vision, l’ouïe et l’odorat. Bien souvent, elles entraînent la confusion et une irritabilité, qui s’exprimeront par des miaulements. Sans oublier les maladies du système nerveux central, par exemple un angiome, qui pourrait provoquer des changements comportementaux, par exemple des miaulements intempestifs.
Que veut dire un chat qui se couche sur le dos, les quatre fers en l’air?
Un chat qui se roule par terre, dès qu’il voit son maître, signifie qu’il se sent en confiance et détendu. Cette position n’est possible qu’avec les personnes avec lesquelles il est parfaitement à l’aise. Mais attention, il ne s’agit pas, nécessairement, d’une invitation à lui caresser le ventre, car rares sont les chats qui aiment être touchés dans cette zone. En pareille situation, il faut observer son comportement, pour savoir si l’animal accepte d’être caressé sur le ventre.
Faut-il jouer avec son chat?
Il est très important de jouer avec son chat, ce qui permettra d’améliorer la relation qu’une personne cultive avec lui. Les chats d’intérieur compensent leurs besoins de chasse par le jeu. Après tout, un chat est un chat. Il faut donc planifier des périodes quotidiennes consacrées à cette activité, à plus forte raison s’il s’agit d’un chat très énergique. Pour les félins plus calmes, deux périodes par jour suffisent. Et nul besoin qu’elles soient très longues. Cinq à dix minutes suffisent pour chacune des périodes.
Le jeu chasse non seulement l’ennui chez les chats, il les stimule mentalement et physiquement. Les périodes ludiques bien orchestrées recréent des situations de chasse, libérant ainsi la dopamine chez un chat. Le jeu contribue aussi à le socialiser. Et il faut se rappeler que même si un chat joue avec d’autres congénères à la maison, cela ne remplacera pas les périodes de jeu avec son maître, qui sont tout aussi importantes.
Tous les chats se ressemblent-ils?
Il est fascinant de constater à quel point les chats sont différents, même au sein d’une portée. Que ce soit sur le plan des habiletés, des préférences, de la sociabilité et des intérêts. De même, chacun d’eux n’a pas la même facilité à résoudre un problème, ou à gérer des émotions ressenties. Plusieurs facteurs influencent leurs comportements. Les chatons adéquatement stimulés développeront une relation différente avec l’humain, ce qui ne veut pas dire, pour autant, que des chatons issus de milieux disparates n’aient pas cette capacité. En somme, la différence entre les chats est la même que celle qui prévaut chez les humains.
Par ailleurs, leur capacité d’apprentissage est tributaire du bagage génétique, mais aussi des stimulations dont ils ont bénéficié dès le très jeune âge. Un chaton stimulé correctement pourra mieux faire face aux aléas de la vie, que ce soit de façon spontanée ou innée. À l’inverse, un chaton qui n’a pas évolué dans un milieu stimulant sera en apprentissage perpétuel.
Au final, l’empreinte émotionnelle qu’un chat laisse dans nos cœurs est ce qu’il y a de plus important. Aimer un félin signifie comprendre que le cœur est extensible, mais aussi que tous ceux que nous côtoierons auront une niche bien à eux. En fait, lorsqu’un chat nous quitte, il faut savoir accueillir le nouveau venu. Ce dernier ne portera pas ombrage au précédent, car il saura combler une autre dimension de notre état d’être, et prendra une place qui lui revient. Il est vrai que les chats ont des dénominateurs communs, au même titre que les humains d’ailleurs, mais ils n’en demeurent pas moins fondamentalement différents. À n’en point douter, chacun d’eux a une personnalité qui lui est propre.
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