Par Sylvie Lamoureux,
Zoothérapeute
Membre de l’Association
des naturopathes professionnels du Québec (ANPQ)
Texte adapté par François G. Cellier
12 avril 2016 – Aujourd’hui, je vais vous parler de moi, la zoothérapeute, l’intervenante en zoothérapie. Ce matin, j’étais seule dans ma voiture et réfléchissais. Je me disais combien j’étais chanceuse d’exercer ce merveilleux travail. Dès lors, je me suis dit que sans mon chien, je ne suis rien. Je redeviens une simple thérapeute sans bras ni jambes, qui mène une existence vide de sens.
Une expérience unique
Je m’explique : il y a quelques semaines, j’ai rencontré Madame G., une utilisatrice des services de soins d’un centre de réadaptation. Cette dame de 50 ans est atteinte d’une paralysie cérébrale spastique et parle difficilement. Nous avons peine à comprendre ce qu’elle nous dit. Cette femme vit dans un fauteuil roulant et bouge à peine.
Depuis quelques mois, nous avons commencé à travailler sur sa motricité fine, en compagnie de Colette, une teckel à poil long âgée de deux ans. Pour travailler sur cette motricité, nous lui faisons faire des petits massages dans la fourrure de Colette. Madame G. l’adore et depuis quelque temps, quand elle souhaite la voir monter sur la tablette de son fauteuil roulant pour la toucher, voire la caresser, elle arrive à prononcer clairement son nom.
Elle n’aimait que les chats
Pourtant, au départ, Madame G. n’aimait que les chats. Et fait plutôt cocasse, elle ne prononce même pas mon nom, mais plutôt celui de Colette. Madame G. affiche toujours un grand sourire quand Colette est là, près d’elle. Ce matin-là, Madame G a plus de spasmes qu’à l’habitude. Soudain, elle se met à pleurer en sanglots. Même les éducatrices spécialisées ne parviennent pas à la consoler. Elles ne comprennent pas ce qui se passe. En fait, personne n’arrive à la consoler.
Du coup, j’attrape Colette et la pose sur cette tablette. Dès lors, Colette s’approche d’elle pour lui donner un bisou sur la joue. Ce qui surprend Madame G et la fait rire. Fini les sanglots! La crise est passée. Nous avons su un peu plus tard que pendant qu’on la transportait au centre, Madame G. avait vécu un gros chagrin, ce qui expliquait ses spasmes et ses sanglots. Colette a compris et elle a su quoi faire.
Presque un thérapeute
Toutes les intervenantes et moi-même étions sans voix, mais heureuses de voir Madame G. être de meilleure humeur. De là le constat que sans mon chien, je ne suis rien. Plusieurs diront que le chien n’est pas un thérapeute. Mais, ce que j’ai vu ce jour-là m’a démontré le contraire. Colette a ressenti la peine de Madame G. et a su quoi faire, mieux que nous l’aurions fait nous-mêmes en tant qu’êtres humains.
Les intervenantes qui travaillent dans ce centre de soins sont passionnées, dévouées et à l’écoute des usagers. Mais cette fois, Colette a surpassé la nature humaine. Je peux vous dire que depuis ce temps, mes sentiments ont bien changé. Pas que je sous-estimais les vertus de mes partenaires à quatre pattes, bien au contraire.
Mais aujourd’hui, j’affirme haut et fort que pour être une excellente zoothérapeute, je dois être entourée de partenaires forts et à l’écoute des personnes que j’accompagne dans leur cheminement vers un mieux-être. Sans mes chiens, je ne suis rien. À l’instar d’un pilote de Formule un qui, s’il n’a plus de Formule un à conduire, n’en est plus un.
Une amélioration continue
Chaque fois que je rencontre des Madames G en centres de réadaptation, je m’en trouve grandie. Chaque fois que je regarde et observe mes chiens intervenir auprès des usagers, je m’épanouis davantage et deviens une meilleure thérapeute, une meilleure personne.
Sans mes chiens, je ne suis rien. Sans eux et sans ces êtres humains que je côtoie, je ne peux pas exceller dans mon domaine. Avoir la chance de croiser un tandem aussi performant, l’observer et le ressentir est une sensation tellement grisante. Merci à Madame G. et à Colette, ma teckel, de m’avoir permis d’expérimenter ce merveilleux moment. Encore une fois, je le dis : plus jamais sans mes chiens!
Photos 1, 2 et 3: Colette, Sylvie Lamoureux et Agathe
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