L’APCP pour encadrer les comportementalistes animaliers

Par François G. Cellier

14 mai 2018 — N’importe qui peut s’improviser consultant en comportement animalier au Québec. Il n’existe actuellement aucune réglementation pour encadrer cette pratique.

Mais certains intervenants du milieu se sont levés, il y a quatre ans, afin d’assurer une meilleure protection du public au moyen d’un cadre normatif rigoureux, qui manque cruellement dans ce secteur d’activité.

En créant l’Association Professionnelle des Comportementalistes Praticiens (APCP), le 30 mars 2014, son président et cofondateur, François Porcherel, a jeté les bases d’un organisme qui compte une quinzaine de membres jusqu’à présent. Encadrés par une déontologie qu’ils doivent respecter à la lettre, tous répondent favorablement aux critères d’admission exigés. Il faut toutefois préciser que plusieurs comportementalistes animaliers travaillent dans les règles de l’art, même s’ils ne font partie d’aucune association pour baliser leurs pratiques.

Pionniers de la première heure

Parmi d’autres intervenants qui ont fondé l’APCP figure Natalie Robidoux, vice-présidente de cette association et éleveuse éthique (Chatterie Sous le Saule), qui a développé une grande expertise en comportement félin et canin. Pour renforcer ses flancs et se forger une crédibilité assumée, l’APCP a demandé des avis à certains vétérinaires comportementalistes du Québec, et s’est adjoint le savoir-faire du Collège européen de médecine vétérinaire du comportement, cofondé par les Drs Patrick Pageat et Joël Dehasse.

Il existe deux institutions de ce genre sur la planète. L’une se trouve en Europe et l’autre aux États-Unis. Les vétérinaires comportementalistes du monde entier les ont fréquentées, afin d’y obtenir leur diplôme. « Le Collège européen nous a permis d’échafauder une association qui repose sur un socle en béton », assure François Porcherel, qui insiste pour dire que ses membres n’empiètent aucunement sur la pratique vétérinaire. À tout le moins, l’APCP a tout fait pour ne pas outrepasser ses champs de compétence.

Tracer les frontières

Il était indispensable de bien délimiter la frontière entre ces deux activités. Pour en avoir le cœur net, l’APCP a échangé à plusieurs reprises avec l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) à ce sujet, ainsi qu’avec son syndic. « On a ainsi pu déterminer ce que nous pouvions et ne pouvions pas faire », précise François Porcherel.

Ceux qui adhèrent à l’APCP le font volontairement. Pour en devenir membres, ils doivent préconiser différentes méthodes, par exemple l’approche systémique, l’enrichissement du milieu, le jeu, le modèle des activités, le TTouch, l’EMDR Animal et l’approche cognitive. L’objectif consiste à réunir ces professionnels à une même enseigne, comme le ferait un ordre.

Comportementaliste Praticien, une marque de commerce

L’une des raisons d’être de l’APCP tourne autour d’une marque de commerce, qui porte l’appellation de Comportementaliste PraticienMC. Elle est en voie d’être homologuée à l’Office de la propriété intellectuelle du Canada. Il faut répondre à un cahier de charges comprenant quatre volets pour l’obtenir, dont 14 acquis techniques minimum qui prévoient notamment une formation en éthologie. Ce cours d’un jour se décline en cinq volets, parmi lesquels sont expliqués la signification du terme, son historique et les applications qui y sont associées.

Un autre thème touche la psychologie animale. Pendant cette formation, les participants apprennent à cerner le tempérament qui caractérise l’une des espèces domestiques étudiées, la conscience qui l’anime, ses émotions, son humeur et le stress auquel elle peut être exposée. Un troisième s’intéresse à la relation avec la clientèle, tandis que deux autres traitent, respectivement, des considérations administratives et juridiques.

Membre associé ou à part entière

Pour être admis à l’APCP en tant que membre associé, les candidats doivent minimalement réussir un test déontologique. Mais ceux qui souhaitent porter le titre de Comportementaliste Praticien doivent, impérativement, se soumettre à l’ensemble du cahier de charges. Outre les acquis techniques, ce cahier comprend un second test imposé tous les 5 ans, qui traite des aptitudes en intervention comportementale. Il oblige également, en vertu d’un carnet de bord, le cumul d’expériences pratique totalisant au moins 500 points échelonné sur cinq ans.

Ce pointage vise à faire en sorte que les membres demeurent actifs dans leurs domaines respectifs, sachant que la plupart d’entre eux ne sont pas comportementalistes animaliers à plein temps. L’acquisition de ces points peut prendre diverses formes et comporte quatre catégories, dont certaines sont obligatoires. À titre d’exemple, faire du mentorat permettra d’en accumuler. Concevoir des émissions radiophoniques, rédiger des articles référencés et les publier représente une autre façon d’aller en chercher. Les activités professionnelles liées au comportementalisme animalier sont également créditées, ainsi que la formation continue, la recherche et les publications qui en découlent.

Impartial

Dans un souci d’impartialité, l’APCP a délégué deux personnes de l’extérieur, afin d’évaluer les acquis techniques minimums qui ont été soumis aux aspirants membres. La première est Docteure en éthologie. L’autre est psychologue.

« Tous les candidats sont sélectionnés avec rigueur, si bien qu’au final, ceux qui réussissent les tests imposés sont réellement dignes de faire partie de cette association », souligne François Porcherel. Comme quoi la reconnaissance professionnelle est un attribut qui se mérite.

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