Un os pour Amos

Valérie Martin-Lemoyne26 octobre 2015 — La présence animale en milieu thérapeutique porte ses fruits. L’Institut de Réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal (IRGLM) le vérifie, depuis un an et demi déjà, au moyen d’un chien de réadaptation appelé Amos.

L’animal est devenu le porte-étendard d’une campagne de financement (Un os pour Amos) qui démarre aujourd’hui même. La Fondation de l’IRGLM souhaite, ainsi, amasser des fonds pour participer à divers projets de recherche.

L’IRGLM traite des handicaps physiques lourds, dont ceux qui affligent les personnes amputées aux membres inférieurs, à la suite d’un accident ou d’une maladie. Cet institut compte plusieurs physiothérapeutes à son emploi, dont Valérie Martin-Lemoyne (pht. M.Sc), qui travaille avec Amos, un Bouvier bernois entraîné par la Fondation Mira.

Source de motivation

Cet animal qui pèse 90 livres provoque un enthousiasme contagieux. Les personnes handicapées retrouvent un second souffle à son contact. Il représente une source de motivation incroyable. Ces gens ont la santé hypothéquée et une motricité limitée. Ils ont peu d’endurance et souffrent beaucoup, si bien que la motivation est à son plus bas niveau. Mais avec Amos, l’émerveillement fait son œuvre et remonte le moral des patients.

S’agit-il du volet zoothérapeutique propre à la thérapie elle-même? « Oui, dans le sens où un animal est utilisé à des fins thérapeutiques. Mais non, dans la mesure où la zoothérapie, telle qu’on l’entend habituellement, a comme but premier d’intervenir sur le plan psychologique », nous dit Valérie Martin-Lemoyne.

Pancarte finalEn réadaptation, on cherche à obtenir la plus-value qu’apporte l’animal, pour permettre le recouvrement des capacités motrices chez une personne. « La distraction, la motivation et le support psychologique sont des gains secondaires très intéressants, mais ils demeurent néanmoins secondaires », ajoute-t-elle. N’empêche, Amos est extrêmement bien reçu par la plupart des patients, qui se prennent littéralement d’affection pour lui.

Une étude en cours

L’IRGLM mène actuellement une étude qui consiste, essentiellement, à évaluer « l’effet de l’utilisation d’un chien de réadaptation dans un contexte d’entraînement à la marche ». Les personnes observées ont subi l’amputation d’un membre inférieur. Une recherche similaire a été menée, il y a quelques années, auprès d’individus qui ont été victimes d’un accident vasculaire cérébral. Cette étude a eu lieu au Centre de réadaptation de l’Estrie (CRE).

Un os pour Amos 3L’IRGLM émet l’hypothèse que remplacer les auxiliaires de marche traditionnelles par un chien de réadaptation, dès le début des entraînements prothétiques, pourrait accélérer le réentraînement à la marche. Ultimement, cela améliorerait (à long terme) la mobilité des patients amputés.

Les résultats préliminaires observés auprès des cinq premiers participants sont concluants : lorsque le chien les a accompagnés, ils exerçaient moins de poids sur ce dernier qu’ils l’auraient fait avec une béquille. « Or, ce comportement correspond au but recherché, car en agissant ainsi, la personne utilise davantage sa prothèse, afin d’obtenir un meilleur équilibre et une démarche beaucoup plus naturelle », précise Valérie Martin-Lemoyne. Cela préviendra les blessures occasionnées à d’autres parties du corps, en raison d’une démarche irrégulière prolongée.

Fort comme un bœuf

Les gens n’osent pas s’appuyer sur Amos, par crainte de lui faire mal. Dans les faits, les risques que cela se produise sont minimes, car cet animal est fort comme un bœuf. Il a en outre été entraîné pour résister aux déséquilibres à la marche. Pendant l’entraînement, Amos stabilise le patient qu’il assiste pour lui éviter une chute.

Fondation Mira - LogoPour Amos, travailler est une véritable partie de plaisir. À la vue du harnais, il ne se fait pas prier pour l’enfiler. « Je ressens une immense satisfaction à faire équipe avec lui, car il me facilite grandement la tâche, étant donné la réponse favorable des patients. L’objectif ultime vise une mise en charge adéquate sur leur prothèse », fait remarquer Valérie Martin-Lemoyne.

Une fois la journée terminée à l’IRGLM, Amos retourne à la maison chez sa collègue de travail. Dans ses pantoufles, l’animal mène une vie paisible et dispose d’un foyer douillet. « Il est très massif et prend beaucoup de place », dit à la blague sa maîtresse, qui se dit très heureuse d’être à ses côtés. Ce plaisir est partagé par Amos, qui s’avère un animal de compagnie remarquable.

Photo 1: Valérie Martin-Lemoyne et Amos
Photo 3: Amos
Courtoisie: Fondation de l’IRGLM

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