7 juin 2016 — Lyne Pion a récemment lancé un deuxième livre intitulé Apprivoiser le deuil animalier, publié chez Béliveau éditeur. Professionnelle du deuil et de la résilience, elle expose, en toute simplicité, que la mort d’un animal de compagnie implique une souffrance incommensurable.
“Seulement en France, c’est plus de 700 000 familles qui sont confrontées à la disparition de leur animal de compagnie chaque année”, nous dit d’entrée de jeu Antoine Senecaut, directeur à la Compagnie des Vétérinaire, en France. La souffrance qui en résulte est “souvent occultée”, parfois même à cause de la honte (ai-je le droit d’être triste?).
“Des histoires d’animaux de compagnie, il en existe autant qu’il y a de maîtres! J’ai eu le privilège d’en lire et d’en entendre de magnifiques que je partagerai avec plaisir avec vous au détour de ces pages”, raconte pour sa part Lynne Pion dans son ouvrage. Réalité Animale la rencontrera sous peu à l’occasion d’une entrevue. En attendant, les internautes sont invités à lire cet entretien qu’elle nous a accordé en 2016.
Dénominateur commun
Le deuil animalier est vécu différemment d’une personne à l’autre. Mais toujours, un dénominateur commun subsiste, à savoir une souffrance plus ou moins intense associée à la perte d’un être cher. Ceux qui n’ont pas d’animaux auront tendance à percevoir négativement cet état d’âme, qu’ils jugeront parfois futile et sans fondement. Pourtant, la mort d’un animal de compagnie peut être aussi violente que celle d’un parent, d’un conjoint ou d’un ami.
Plus importants que la famille
Une étude publiée par l’American Animal Hospital Association (AAHA) a révélé plusieurs données pertinentes à propos des animaux de compagnie. À titre d’exemple, cette étude précise que 70 % de leurs propriétaires les considèrent comme un enfant ou un membre de la famille. Par ailleurs, quelque 65 % des personnes interviewées disent passer autant, sinon plus de temps avec leur animal qu’avec la famille et les amis. D’autres statistiques publiées chez Stérilisation animale Québec parlent d’elles-mêmes, dont celle qui indique que 40 % des foyers québécois possèdent un animal de compagnie.
Qu’à cela ne tienne, la plupart des propriétaires d’animaux souffrent en silence lorsqu’ils perdent un chat, un chien ou un perroquet, pour ne nommer que ceux-là. Bien souvent, avouer sa peine à ceux qui n’en mesurent pas l’intensité émotionnelle entraîne l’incompréhension, la dérision et le mépris, que ce soit en milieu de travail ou ailleurs. Heureusement, il existe des âmes compatissantes qui militent pour abattre les préjugés, mais surtout faire en sorte que les personnes endeuillées puissent retrouver une dignité.
Démystifier le deuil animalier
Lynne Pion est l’une de celles qui prennent le phénomène au sérieux. Pour elle, le deuil animalier est tout sauf une blague, un canular ou une légende urbaine. Ex-enseignante du français en classe d’immersion française en Colombie-Britannique, aujourd’hui conférencière, blogueuse et auteure, elle accompagne les personnes endeuillées pour diverses raisons, dont la perte d’un animal. Son principal objectif vise à démystifier le deuil, afin qu’une personne qui en est accablée puisse retrouver ses « couleurs » d’origine, autant que faire se peut.
Elle offre également une formation en ligne qui s’échelonne sur six semaines. Les participants y apprivoisent le deuil pour lui donner un autre sens, afin qu’il ne devienne pas un frein à leur évolution. « Mon rôle consiste à accueillir cette peine et à écouter sans juger. Il faut comprendre le deuil, plus particulièrement le deuil animalier, qui est encore tabou dans notre société », constate Lynne Pion, qui vit elle-même avec des animaux depuis toujours.
Plusieurs participants à cette formation veulent comprendre le deuil, même s’ils n’y font pas nécessairement face. Ainsi, ils auront en main les outils adéquats quand viendra le moment fatidique. Certains exercices qui y sont enseignés permettent le développement d’une résilience. Les gens font plusieurs prises de conscience au quotidien. Ils réalisent qu’ils sont toujours bien vivants, même si l’être cher a disparu. Il ne faut pas banaliser la portée d’un deuil, mais plutôt l’apprivoiser.
Mais le deuil animalier peut être double, lorsque l’animal dont il est question appartenait à son défunt maître. Un premier chagrin est vécu après le décès de ce dernier, ainsi qu’un deuxième quand l’animal s’éteint à son tour. « Plusieurs émotions remontent à la surface en pareille occasion », observe Lynne Pion. Dans tous les cas, il faut chercher à savoir si le deuil concerne directement l’animal, ou s’il en cache un autre plus ou moins assumé.
Un Cockatiel très attachant
Lynne Pion repense, occasionnellement, au décès d’un Cockatiel qu’elle a eu pendant cinq ans. Il lui a pratiquement sauvé la vie sur le plan psychologique. « Je n’ai jamais autant pleuré pour un animal quand il est mort. En faire mon deuil a été très difficile », dit-elle.
Le décès d’un animal de compagnie peut générer une tristesse infinie, entraîner la détresse émotionnelle et même une dépression. Certaines personnes appréhendent ce moment, au point qu’elles souhaiteraient mourir avant lui, plus particulièrement quand la relation repose sur une forme d’anthropomorphisme. L’animal occupe une place si importante que l’on pourrait le comparer à un enfant. Lorsqu’il disparaît, son maître sent qu’une partie de lui-même s’est envolée, et qu’il faudra réapprendre à marcher vers une nouvelle vie, où tout est encore possible.
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Cet article a été traduit en anglais.
Photo 1: Pixabay/Condesign
Photo 2: Lynne Pion/Courtoisie: Daniel Pelletier
Photo 3: Lucky et Mao sont les deux animaux de compagnie de Lynne Pion.
N.B : Lynne Pion, professionnelle du deuil et de la résilience, est également l’auteure d’un ouvrage intitulé Est-ce que tout le monde meurt?, qui a été publié aux éditions Trèfle à quatre feuilles.