L’ABC du comportement félin

Éduchateur 3Par Daniel Filion, consultant en comportement félin chez Éduchateur

29 janvier 2016 — Réalité Animale est fier d’accueillir Daniel Filion dans ses rangs. Il se joint à notre équipe pour y signer des chroniques occasionnelles. Sa première jette un regard incisif sur certaines habitudes propres aux chats domestiques.

Indépendant de nature

D’emblée, il faut savoir que le chat est un animal qui se suffit à lui-même, raison pour laquelle la plupart des gens le perçoivent comme une espèce indépendante. Il peut passer du mode domestique au mode sauvage (haret) du jour au lendemain.

Si, après avoir séjourné durant plusieurs années dans une maison ou un appartement, il est relâché dans la nature, un félin n’aura aucune difficulté à se débrouiller, car ses patrons moteurs reprendront le dessus. Évidemment, il ne s’agit pas ici de prôner l’abandon des animaux, bien au contraire. Cela dit, quand une situation l’exige, le chat est l’une des rares espèces animales qui retrouve ses instincts sauvages. La plupart des autres animaux domestiqués perdent cette capacité d’autosuffisance.

The gray tabby has a rest on a stone porch

Pour appuyer cette affirmation, une récente étude a démontré qu’un chat qui n’a jamais appris à chasser, que ce soit avec sa mère en très bas âge ou dans un autre contexte, finira quand même par développer des habiletés de chasseur. Sera-t-il aussi efficace qu’un autre à qui l’on a enseigné comment faire? Non, mais cela ne l’empêchera pas pour autant d’en être capable, car cette aptitude est innée chez lui.

Trop « colleux »

Dans un autre ordre d’idée, sachez que les félins qui sont très affectueux et toujours collés sur leur maître souhaitent combler des besoins. À titre d’exemple, ils cherchent à obtenir de l’attention, de la nourriture, à être sécurisés ou à chasser l’ennui. Au bout d’un moment, cette attitude peut devenir exaspérante. Les personnes qui doivent y faire face essaient d’ignorer ce comportement, mais au final, elles finissent toujours par céder. En agissant ainsi, l’animal comprend que plus il insistera, plus il obtiendra ce qu’il veut.

Bien des gens me racontent que leur chat miaule la nuit, qu’ils ont tout tenté pour lui faire cesser cette habitude, sans succès. Ils se sont levés, ont joué avec lui, lui ont donné de la nourriture et l’ont laissé sortir dehors. Il ne faut justement pas plier, mais plutôt tenir son bout afin d’obtenir gain de cause. Un chat agit comme un enfant de deux ans pendant toute sa vie. Si on lui laisse prendre de faux plis, il apprendra, très vite, comment manipuler les gens qui font partie de son entourage.

Stimuler son chat

La plupart des problèmes de comportements félins que je traite, chaque année, sont plus ou moins liés à une absence d’éléments stimulants. Bien des gens ne savent pas comment rendre un chat heureux dans son environnement. Je m’explique : un chat est inactif pendant les deux tiers de sa vie. Pendant les 30 % restants, il faut savoir comment meubler son emploi du temps. La chasse, notamment, doit occuper au moins 10 % de ses activités.

sleeping catCe patron moteur peut être satisfait de plusieurs façons, notamment au moyen d’une station alimentaire qui oblige un chat à travailler pour accéder à sa nourriture. Dans la nature, les félins passent entre 40 minutes et trois heures pour attraper une proie. Ils devraient donc être mis au défi avec des gamelles interactives. Par ailleurs, jouer avec son chat, au minimum deux fois par jour pendant 10 à 15 minutes (chaque fois), lui permettra une dépense d’énergie salutaire.

La laisse pour chats

Les chats sont curieux de nature. Habituellement, ils aiment aller dehors, encore que plusieurs personnes ne veulent pas les laisser sortir seuls, particulièrement en ville, où les sources de stress et les dangers sont beaucoup trop nombreux, en comparaison des bienfaits qu’un chat pourrait y trouver. La solution passe alors par l’emploi d’une laisse. Tout comme un chien, un félin s’y habituera. À preuve, presque tous mes chats marchent en laisse.

Deux options sont possibles avec la laisse : promener l’animal ou vous faire promener par lui. En essayant l’une ou l’autre des options, vous saurez rapidement laquelle vous sied le mieux. Mais avant toute chose, quelques précautions s’imposent avant de vous lancer. Commencez à lui enfiler le harnais à l’intérieur dans une petite pièce, afin qu’il s’y habitue progressivement, et utilisez la méthode du renforcement positif (ex. : distribution de gâteries). Au début, ne franchissez pas la porte avec votre chat en laisse. Il doit être dans vos bras pour qu’il comprenne qu’on ne quitte pas la maison, à moins d’être dans les bras de quelqu’un.

Toutes ces attentions procureront une meilleure qualité de vie à votre félin, qui ne demandera pas mieux que d’évoluer dans un milieu enrichi et adapté à sa condition. Ces petits détails contribueront à réduire les problèmes de comportement observés chez plusieurs chats domestiques.

Vous pouvez aussi lire d’autre textes qui font intervenir Daniel Filion: Gare à l’Anthropomorphisme, Votre chat est-il TOC?, et Dégriffage: une question d’éducation.

Photo 2: Sergey Chirkov
Photo 2: Katyamaximenko

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