Par Sylvie Lamoureux
Zoothérapeute
Membre de l’Association des naturopathes professionnels du Québec (ANPQ)
Propos recueillis et texte rédigé par François G. Cellier
14 juin 2017 — Agathe m’a quittée. Elle était mon compagnon à quatre pattes. Ma partenaire sur le plan personnel et professionnel. Mon amie et un membre de la famille. Elle s’est éteinte lundi dernier des suites d’une maladie. Inutile de vous dire à quel point son départ m’afflige. Et combien la douleur est intense. Il faut faire son deuil en pareille circonstance, ce qui nécessite du temps.
Nous avions développé une grande complicité. Notre cordon ombilical était énergétique. Au travail, la symbiose alimentait nos actions communes. Peu importe où nous nous trouvions, je devinais ses intentions. J’avais entièrement confiance en elle. Dans une chronique précédente, j’ai affirmé n’être rien sans mes chiens. Après le départ d’Agathe, une partie de moi s’est envolée.
L’intelligence du cœur
La communication avec un animal fait appel à l’intelligence du cœur. Cette qualité m’habite depuis toujours. J’ai donc pu saisir la sensibilité d’Agathe. En tant que zoothérapeute, elle me donnait immanquablement l’heure juste. Je savais, chaque fois, si mon expérience client allait être agréable ou non. Au besoin, cette chienne avait toujours à l’esprit de ranger le désordre; d’aplanir les situations un peu trop intenses, et d’être à l’écoute de son environnement pour recadrer les travers.
Les Bergers australiens sont rassembleurs. Cette caractéristique est inscrite dans leurs gènes, par le fait d’une vocation à rassembler les troupeaux de moutons. Agathe n’était pas en réaction, mais plutôt dans l’action. Elle analysait une situation et posait les bons gestes. En fait, cet animal prenait des initiatives, ce qui faisait toute la différence sur le terrain. Lorsque je l’ai vue souffrante, lundi dernier, j’ai eu aussi mal qu’elle. Pendant les 11 dernières années, nous avons travaillé et ressenti la douleur en équipe.
Pendant ses derniers souffles de vie, je l’ai regardée dans les yeux et lui ai demandé ce qu’elle voulait que je fasse. Quelques instants plus tard, j’ai compris qu’elle souhaitait en finir. J’ai donc acquiescé à sa demande. D’autant plus que pour la soigner, il aurait fallu investir quelque 4 000 dollars, initialement, et peut-être plus par la suite, sans pour autant avoir la certitude que sa vie allait se prolonger.
Débuts difficiles
Au départ, rien ne nous destinait à établir une relation aussi soudée et aussi douée. Il a fallu quelques années pour mettre en place cette synchronicité. Je lui trouvais tous les défauts du monde. Jusqu’au jour où j’ai compris qu’elle avait d’immenses qualités. D’ailleurs, c’est à partir de ce moment que nous nous sommes réellement mis à travailler ensemble. Agathe a toujours fait les choses autrement. Pour tout dire, cette chienne était exceptionnelle. Jamais plus je n’aurai le privilège d’avoir une aussi grande connivence avec le genre canin. Du moins, plus de cette façon. Véritable thérapeute à quatre pattes, elle ressentait mes émotions et interagissait avec moi, tout autant qu’avec les autres d’ailleurs.
Malgré tout, dans mon désarroi face à l’adversité, j’ai obtenu l’appui indéfectible de Crémanimo, qui offre des services funéraires et de crémation pour animaux. Les gens doivent savoir à quel point cette entreprise prend les choses en main. Agathe a été incinérée lundi dernier. Je recevrai son urne sous peu. Mais au-delà des considérations logistiques, Crémanimo fait preuve d’un humanisme réconfortant.
Sa cofondatrice, Chantal Cadorette, m’a offert son appui et a répondu à mon appel de détresse avec diligence. L’état critique d’Agathe a fait en sorte que pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression de descendre un escalier sur un pied, tandis que l’autre était resté en haut. Mais Chantal a rééquilibré les choses en les ramenant au même palier (ou presque).
Mise à niveau cérébrale
Ce décalage pédestre a suscité en moi le raisonnement suivant : mon pied gauche agissait sur les émotions, tandis que l’autre était porté sur l’action. Émotivement parlant, je comprenais la situation. Mais au niveau cérébral, j’étais complètement désemparée. Ce qu’a réussi à faire Chantal est prodigieux, car à son contact, mon cerveau s’est remis à niveau sur le plan émotionnel. J’ai ensuite été en mesure d’appeler ma vétérinaire pour procéder à l’euthanasie.
Je suis en paix avec cette décision. Il me reste à reprendre mes esprits, mais aussi à apprivoiser le vide créé par la disparition d’Agathe. Sa mort est lourde de sens. Mais la vie continue. Aux confins des détours existentiels parfois rugueux, l’existence nous apprend que tout est éphémère. Et que rien n’est absolu. Au revoir Agathe! Sai Ram.
Pour accéder aux autres chroniques de Sylvie Lamoureux, cliquez sur les liens suivants:
Zoothérapie et bien-être absolu
Zoothérapie ou zooanimation?
Les bienfaits de la zoothérapie
Zoothérapie: le chien idéal
Zoothérapie chez le dentiste: une approche novatrice
Vidéo: La zoothérapie chez le dentiste
Vidéo: L’autisme et la zoothérapie
Tous droits réservés
Vous aimez cet article? Aimez-nous sur Facebook.
Photo 1: Agathe