Par Fanie Fréchette
Éducatrice en comportement canin chez Espace Chien
Texte adapté par François G. Cellier
15 avril 2017 — Dans la foulée du projet de règlement visant à favoriser la protection des personnes, par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens, l’occasion est belle pour parler d’un sujet qui passe bien souvent sous le radar : les morsures plus ou moins sévères de chiens infligées à des enfants.
Tous les chiens peuvent mordre
Qu’ils soient gros ou petits, peu importe la race, pratiquement tous les chiens peuvent mordre. Chaque jour, environ 200 enfants sont victimes d’une attaque canine au Québec. Dans 80 % des cas, c’est le « pitou » de la famille qui les agresse.
La grande majorité des morsures ne sont pas déclarées, soit parce qu’elles sont mineures, soit en raison des conséquences que leur signalement aux autorités pourrait entraîner, par exemple l’euthanasie.
Pourquoi ces morsures?
Les motifs pour qu’un chien morde sont multiples. Cela se produit, entre autres, si l’animal veut protéger un objet, sa nourriture on son maître. Les morsures peuvent aussi découler d’un enfant qui fait mal au chien (ex. : tirer les oreilles ou la queue).
Mais il existe d’autres raisons pour expliquer ce comportement, dont la prédation, encore que le phénomène soit extrêmement rare. Il faut savoir qu’un chien peut percevoir un bébé comme un rival, voire une petite proie. Qui n’a pas déjà vu un bambin sortir son bras de la poussette et l’agiter dans tous les sens? Ces mouvements saccadés pourraient provoquer une attaque. Et s’il se trouve plusieurs chiens dans la maison, une réaction de meute entraînerait un assaut groupé.
Nous recommandons aux parents d’accorder une grande place à leur chien, plus particulièrement dans le cas où un nouveau-né arrive dans la famille. En pareille situation, il ne faut pas mettre l’animal en retrait, car ce dernier pourrait se sentir exclu du groupe. En revanche, s’il est bien intégré, il adoptera possiblement une attitude protectrice à l’égard du nouveau-né.
Je signale qu’Espace Chien a préparé une formation destinée aux parents, pour leur permettre une meilleure gestion des interactions entre un chien et un enfant. On y apprend, entre autres, comment socialiser l’animal afin qu’il intègre correctement la famille, mais aussi à ne jamais laisser un bébé seul en compagnie d’un chien.
Démarche vacillante
Chez les enfants âgés d’un à deux ans qui ne marchent pas encore d’un pas assuré, il faut encore là prendre des précautions. Leur motricité embryonnaire et imprévisible pourrait être mal interprétée par un chien. Si l’enfant tombe par terre des suites d’une démarche vacillante, l’animal pourrait mal réagir.
D’autres situations sont également à risque pour ces enfants, qui découvrent le chien de la famille en lui mettant les doigts dans l’œil, ou en arrachant son poil, pour ne citer que ces exemples. Le petit n’est pas mal intentionné, malheureusement un chien ne le saura pas. En tant qu’éducatrice en comportement canin, je recommande toujours aux parents d’opter pour un animal qui a été bien socialisé. Entre l’âge de deux et quatre mois, il doit avoir été exposé aux jeunes enfants, de sorte que plus tard, ils deviendront familiers pour lui.
Je rappelle qu’en tout temps et en toutes circonstances, les enfants âgés de zéro à sept ans ne devraient jamais être laissés seuls en présence d’un chien.
Dans la seconde partie de cette chronique, j’aborderai la question des rapports entre un chien et des enfants plus âgés, qui devront apprendre à reconnaître les signes avant-coureurs d’une morsure potentielle, afin d’éviter d’en arriver là.
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Photo 3: cocoparisienne
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